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Jane Sautière - corps flottants




« La peau porte la trace des blessures, les cicatrices. Peut-être les corps flottants sont des cicatrices. Des cicatrices vivantes, animées. »

Lire Jane Sautière, c’est entrer dans le monde de l’écriture intime, humaine. Celle qui bouscule, crie sa colère, son errance. C’est se confronter à soi, à ses questions et réponses hasardeuses. Tenter, essayer, oser. Rebondir. Apprendre qui on est, ce qui est, ce qui sera, ce qu’on a vécu et ce qui se vit, ce qui reste à vivre. Un questionnement perpétuel sur ce qui est écrit et reste à écrire, qui est là, dans un désordre, dans les doutes et l’inconscience, les peurs, les craintes, les vérités contraires, contraintes, les non-dits et les silences. Ce qui demeure et ce qui restreint. On avance dans une forme de transparence, un état de fait où seule la pensée questionne, bouscule, anime, garde les traces des blessures et des cicatrices, des émois flottants à la surface de la peau, du corps. Des corps flottants. Quelque chose de vivant dans les doutes et le refus de ne jamais se satisfaire de ce qui est.


« C’est cela sans doute qui écrit, l’enfant de la forme vide, agitée par une illusion dévoilée. Lorsque rien ne se propose plus pour habiter l’image, il y a l’écriture. C’est sa place. »

Lire Jane Sautière, c’est penser invariablement à Annie Ernaux, Marguerite Duras, Sophie Calle pour sa forme photographiée, Barthes et son discours amoureux. Des auteurs, autrices, artistes abordant leurs propres rivages, leurs inconscients conscients, leurs pertes et abandons, leurs désirs, leurs affrontements. L’écriture est organique, sensorielle, évocatrice, humaine. Le filtre des souvenirs disparait dans les mots ciselés, choisis, délicats, poétiques et entre dans le tourbillon d’écrire c’est quoi.


On reconnait la mélancolie des souvenirs, la délicatesse ciselée de ce qui devient survivance quand tout est flou, disparait, quand la vie est un immense océan, un lieu où l’histoire imprègne les pages, l’écriture, le soi, les désirs et leurs violences, la vie dans sa démesure, ses amours, ses flottements, ses doutes, son humanité, sa place. Celle qui est, celle qui bouge, celle qui flotte. Celle qu’on vit et qu’on réinvente sans cesse. Comme des fragments flottants.


« Il faudrait que les corps flottants soient cela, un doute sur l’existence de ce qui nous a animés, la survivance d’une danse, d’une joie, d’un sourire, de ce qui aussi a été là, sans retour possible, mais présent et fragile, nous laissant incertains. […] On ne peut jamais voir les corps flottants, ils sont là, on déplace le regard vers ceux et ils se déplacent tout pareil.[…]Vacillation plus vraie que les certitudes, plus stables que les credo, plus fidèles à nos vies.»


Corps flottants

Jane Sautière

Editions Verticales

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