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J. Bénameur, M. Grandjouan - Dans mon pays d'incertitude


« Là, il se passe enfin quelque chose de vrai. Je ne pense plus à rien. Mes mains travaillent toute seule et ma tête est vide. Je suis bien. Je suis vivante de la tête aux pieds. Présente à quelque chose de fort qui m’emporte. De la vie je crois. »

Elle s’appelle Nejma. Pas Nej ou Nejjy. Non. Nejma avec un A qui oblige la bouche qui l’appelle à s’ouvrir, à prononcer avec force et douceur le A. Nejma. Son pays c’est l’incertitude, les doutes, les peurs, les croyances qui lâchent, les envies qui cognent le cœur mais ne savent pas s’exprimer. Car ici, sa vie, c’est Grigny. Grigny en banlieue parisienne, à la réputation de terrorisme et de violence. Grigny comme la Grande Borne. Née au mauvais endroit, au mauvais moment, dans le corps d’une fille. Troisième génération. Rien ne change malgré les colères et la vraie vie, les garçons et les filles, les barres d’immeubles et les parcs. Grigny, un territoire.


Nejma, dans son pays d’incertitude.


Nejma où le seul moment où sa vie jaillit, ressent le bonheur, les couleurs et les formes, prend sa juste valeur, sa place. Nejma et son cagibi secret, sa chambre d’écriture en peinture, son lieu de vie, de ce quelque chose qui cogne si fort, qui est si vrai, qui ralenti, efface le reste du monde, crée ce qu’elle ressent si fort en elle. Ses mots en couleurs, ses nuits étoilées, ses voyages inconnus, ses ruelles vénitiennes, ses tableaux secrets, ses envies et besoin. Nejma qui sait vers où elle veut aller même si les incertitudes, les doutes, les peurs, les contradictions reportant les projets, anéantissant les forces et volontés. Nejma et la peinture, la vie à regarder en face.


Nejma, dans son pays de couleurs.

Jeanne Bénameur et ses mots, ses balises qui rappellent l’importance de croire en soi, en ses certitudes et passion(s), l’importance de l’écriture, des couleurs, des formes, de ce que l’on destine, dessine, écrit de sa vie, de cette confiance éphémère en laquelle il faut s‘accrocher, croire en cette voix tranquille et forte, douce et indocile qui transmet un message. Croire en sa vie, cette vie à regarder en face, dans l’espace et la place prédestinée et cela quelque soit les marques de naissances, les lieux de passage, les oiseaux de mauvais augures, les impossibilités.


Jeanne Benameur et son humanité à ouvrir les cœurs lorsque les clés s’égarent dans les ténèbres, grippent dans les serrures, renfermant les mots et les couleurs au plus profond de soi. Jeanne Benameur et cette façon douce, forte, rageuse, tendre, généreuse de nous rappeler l’importance de vivre et croire en ses rêves, de les écrire, peindre, construire, de leur trouver une place, sa place. Celle d’un possible, d’une vie possible.


Jeanne Bénameur

Dans notre pays de certitude.


« Ils me renvoyaient à mon pays d’incertitude. Je ne savais plus quoi répondre. Les mots se tassaient dans ma gorge. Je n’arrivais pas à dire. Dans ma poitrine ça se serrait aussi. Tout l’espace que la peintre avait ouvert avec sa voix si tranquille allait se réduire et ça, je ne voulais pas. Non. J’ai pensé à elle et je me suis rappelée ses paroles. Fortes. Personne n’a le droit de diriger la vie de quelqu’un d’autre. C’est cela être adulte un jour. C’est choisir sa vie même si c’est difficile. »


Dans mon pays d’incertitude

Jeanne Bénameur

Maïté Grandjouan

Editions Thierry Magnier

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