« Nous avons passé tout ce temps à regarder les mêmes choses ; et pourtant cela ne veut pas dire que nous avons vu les mêmes choses »
J'aurais aimé écrire une telle phrase. D'une lucidité et émotion simples, déconcertantes. Une phrase poétique, lumineuse, vivante. Comment se tient l'image, où se niche-t-elle, d'où vient cette infime sensation de savoir à quel moment le cliché est celui qui instantanément devient la métaphore, la perception du regard, du cœur ?
Tout ce que l'on croit savoir, toucher, émettre, partager : le jeu de cartes, les mots, images, photos, phrases, l'ironie mordante "masque" de confiance. On aimerait ajouter la poésie, vendre du souffle, de l'air, récolter fleurs et lauriers. La lumière, le clair-obscur boxent les contrastes, modifient la brillance de la noirceur. Comme un bout de nuit. Un bout de nous. Profondément.
« On ne voit pas qu'avec les yeux : on voit avec tout ce qu'on sait »
Un regard est un geste, un temps, un instant, un moment, le savant mélange entre ce que l'on ressent, et ce qu'on sait, un fil fragile, tangible. Déséquilibre parfait.
Il paraît que les couchers de soleil sont pour les cons. Mélancolie usagée, poésie supposée. Une fin du monde. A bannir pour les clairs voyants. Kitsch d'une époque sprinteuse en 3D.
« On ne voit pas qu'avec les yeux : on voit avec tout ce qu'on sait »
S'abstenir. Ajouter, s'ajouter au monde, à ces bouts d'histoires, aux couchers de soleil, aux échecs et aux victoires, aux trucs de rien. Éprouver une joie, la sienne, la partager. Sauvagement. Comme un commencement. Continuer à imager, photographier, conserver cette joie sauvage de l'échec ou du commencement.
« La fin du monde est impossible, dans un regard vivant.»
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