« Je sais qu’on finit par se demander : « ça sert à quoi d’être sensible ? »
Comment vous parler de ce petit ouvrage à la couverture rouge ? Un petit ouvrage qui regorge de pensées, de mots tous plus beaux, poétiques, rieurs, naïfs, doux, bienveillants, insolites et touchants, les uns que les autres ?
Un recueil catalogue à la Perec où chaque phrase regorge d’ingéniosité, d'une vérité non fondée et d’une sensibilité extrême, un bonheur-souvenir-questionnement qui nous mène à explorer le monde des trois fois riens et des grands instants, des incertitudes certifiées et des « je sais » dont on ne sait pas, de l'invisibilité qui est en nous, à dérouler le fil de la pensée mystérieuse et laisser faire le tricot de nos idées, nos réflexions et autres divagations impertinentes.
« Je sais que lorsqu’on doute de soi, on choisit le plus souvent la pente qui mène à l’enfer. Pourquoi presque toujours celle qui punit et jamais celle qui encourage ? »
Comme un canevas de 469 versets, on se glisse dans la pensée de l'incertitude et de l'humilité, la compassion et la bienveillance, l'ouverture d'esprit, la connaissance que nous n'acquérons jamais mais qu'il n'y a aucun drame à ne pas tout savoir, à ne pas "Je sais". On se questionne, ne trouve pas de réponse et comme lorsqu'on était enfant on en vient à se demander si l'on sait réellement ce que nous ne savons pas mais croyons savoir mieux que quiconque.
« Je sais qu’il faut accepter de ne pas comprendre exactement comme on l’espère. »
« Je sais que si j’écris un texte court, il dira que c’est léger, si j’écris un texte long, que je raconte ma vie, si je réagis, que je manque de sang-froid, si je ne réagis pas, que je manque de combativité. »
On frôle l'insatiable envie de recopier des pans entiers de pensées non véridiques mais remplies de tendresse et de philosophie. On reconnait nos failles, nos fragilités, nos incertitudes et nos rires, nos besoins incessants de connaissances des riens et des tout, comme une pointe de malice et de bonté dans la simplicité du monde.
« Je sais qu’on est sommé d’avoir un avis sur tout, quand on en a sur quasiment rien ».
Il faut se laisser envahir, porter et découvrir par ce « Je sais » d'Ito Naga, accepter de ne rien savoir, de comprendre le monde à travers quelques phrases, mots, à aller au delà des apparences, de notre pensée, de nos croyances, de se questionner sans cesse sur nous et l'humanité. C’est facétieux, sincère, sensible, fragile, beau, tendre, à forte dose poétique. On n’en redemande car on comprend que l’on ne sait jamais ce que l’on croit savoir.
« Je sais qu'avec les gens qu'on n'aime pas, on n'aime pas jusqu'à l'air qu'ils déplacent. Je sais que l'inverse est vrai aussi : on aime l'air que déplacent les gens qu'on aime. »
Merveille des merveilles à lire à n’importe quelle heure, sous n’importe quel temps, à tout instant comme un rendez-vous avec les mots d’Ito Naga, avec ces bouts de pensées sans importance qui font et défont, tricotent nos vies.
« Je sais que je me promets à chaque fois de ne pas être déstabilisé. En vain. » « Je sais qu’une fois les paupières closes, les yeux continuent à voir. »
Cuite, je suis ! Tout ceci m parle beaucoup !