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Hélène Révay - Bien loin du reste




« Mille ans me séparent de moi-même. Quand je dis moi-même, je pense à celui qui veille, écoute, celui qui ne juge en aucun cas. Je pense aussi à celui qui soupèse, qui traduit chaque moindre petite parcelle d’émotion qui le submerge, l’efface ou le marque au fer rouge, parcelle qui peut tout aussi bien l’affaiblir comme le renforcer. Celui qui sait s’effacer aussi, qui sait disparaitre en un instant et un peu comme par magie. »


Bien loin du monde. Se retirer. Fuir la croute terrestre, le cloaque, le bruit. S’éloigner, s’incarcérer, seul au monde, seul au tout. Eloigner des autres, se dérober de soi. L’enfer ou le paradis, qu’importe. S’éloigner dans l’éloignement le plus extrême, la solitude la plus totale. Paradoxe de celui qui recherche l’autre, palie l’absence comme on palie l’ennui. Ne plus savoir se qui sépare de soi, de la moindre parcelle de vie, d’émotion. S’effacer, effacer se laisser submerger par la vague, l’érosion, disparaitre.


Névrose. Folie.

Frontières fines.

En pause.


« ... on a régulièrement besoin d'une pause, de récupérer quelques vieux débris pour relancer la machine de l'excellence. Au mieux, il faudrait que cet idéal nous porte jusqu'à la cime, qu'il enracine en nous tout un champ d'impossibles ou même de possibles (en cas de panne). Que cet idéal se développe au fil du temps de manière exponentielle et cela vu à posteriori, il semble, en définitive, que nous n'en profitions que très rarement. On n’abuse des meilleures choses que par lâcheté ! »

On aimerait rechercher, trouver, caresser la réconciliation, la douceur, approuver ou confirmer sa place, sa position, retrouver une trace, sa trace, se reconnaitre dans un regard, endosser l’habit, apparaitre, persévérer dans sa quête malgré les renoncements, les embuches, les humiliations et les douleurs. On aimerait se détacher des proies, de l’acharnement à être, relancer la machine, les débris, sauver la barque. On aimerait posséder ce soi, emprisonné à l’intérieur d’un moi, lui laisser une chance de rencontrer l’extérieur, entrevoir ce qui n’est plus flou, fou, déraisonné, déraisonnable.


Hélène Révay nous emmène dans une quête initiatique au soi emmuré, au soi intérieur guettant des signes extérieurs. L’émotion est entre les mots, étouffée pour ne pas être ressentie, source d’une existence s’interrogeant sur sa présence à un monde. On pourrait éprouver le vertige, la folie sournoise mais des horizons flous naissent une écriture, une invocation à ce besoin d’écrire, à la conscience d'une vie. Nouvelles, poésie, roman, fragment, journal ? « Bien loin du reste » frise la folie de ceux qui n’ont jamais été aussi sain et fort d’esprit que lorsqu’ils s'en remettent à la seule personne qui reste : eux.


Bien loin du reste.

D’une route qui rend fou l’horizon.

De poèmes sous vide.


« Qui pourrait me dire où j’en suis exactement et à quel niveau ? »


Bien loin du reste

Hélène Revay

Les Editions Sans Escale




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