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Hélène Frédérick - Une grande maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter



« A la question du courage d’écrire, j’ai répondu que derrière l’écriture, il y a le besoin. » 12.10

Il y a quelque chose d’unique et d’intemporel, de silencieux et d’éclatant à entrer dans le livre d' Hélène Frédérick, d’écouter le jeu, la langue, les formes, les objets qui prennent possession de la nuit, une grande maison, des fragments. Quelque chose de l’ordre du quotidien qu’on aimerait bruissant et qui finalement éclot dans la beauté du silence, l’éloignement, du rejet du brouhaha envahissant, des injonctions et des ordres, du visage comme mensonge. Une fragilité certaine du quotidien, des notes, du tout et du rien, de la vie, de l’écriture et la lecture, de ce besoin qui jaillit irrésistiblement, instinctivement, entre les mots, les phrases. Ce besoin d’écrire, dans la nuit, dans ce fragment d’espace où tout se permet, s’autorise, surgit. Occuper les interstices.


Il y a ce temps.

Un temps pour soi, à soi.

Une chambre à soi.

Dans la nuit.

Dans une grande maison.

Avec ce temps.

Une grand maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter.

Et


« La solitude pour abri. » 09.08

Des textes courts, portraits brefs, des ilots, des nuages, un métro, Paris et ses ponts, des auteurs, des rappels journaliers, des coupures à ne pas oublier, omettre, des formes, des signaux. Quelques mots, simples, basiques qui offrent la dimension de l’écriture, de ce magma qui est en nous, le bouillonnement des jours silencieux. Retrait. Des mots comme des phares, des phrases, des bouts de vie, des tranches, des pensées, des visions, des envies, des projets, des rejets. Une discussion dans une grande maison. Une discussion avec beaucoup de temps. Pour discuter. Pour écrire. Ecrire des pas, des cailloux jetés dans un ruisseau, des ronces dont les épines ne piquent plus, des bouts de papier déposés au fond d’un sac, d’une poche. Ecrire. Dessiner une vie. Dessiner des mots. Fragmenter le regard pour en déposer une phrase. Une prose, un travail d’atelier, un ponçage extrême, une naissance entêtée à poursuivre une forme.


Une chambre.

A soi.


On pourrait penser que ce recueil n’est plus ou moins qu’une succession de textes ou de fragments. Il est pourtant bien plus. Il est une maison, une chambre d’écriture, une nuit, une discussion de soi à soi, un temps défini indéfini, une quête. Il est un atelier, un atelier sensible où les mots s’autorisent, où l’écriture s’autorise, devient, est.


Et c’est peut-être et même certain, que c’est cela que j’attendais.

S’autoriser.

Devenir.

Ecrire.

Photographier.


Dans une grande maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter


« C’est en elle, pendant ce temps, que le monde du vivant et les raisons de s’y tenir se cachent. » 11.04

(Ce livre se lit avec un crayon. Un crayon pour souligner les gestes, les mots, les phrases à ne pas oublier, la fragilité posée et devient beauté.)



Une grande maison cette nuit avec beaucoup de temps pour discuter

Hélène Frédérick

L’Oie de Cravan

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