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Photo du rédacteurSabine

Hélène Frédérick - La nuit sauve

Dernière mise à jour : 3 août 2022


« C’est là, ça n’avertit pas, c’est comme ça que ça commence, très simplement, avec juste une volonté de tout stopper. »

Ils sont une quinzaine à fêter la fin de de leur année d’études. Une bande de lycéens. Des garçons et des filles. Une nuit pour eux. Une nuit où tout est permis. Une nuit où le feu, les bouteilles et la fumette, les pétards, le rock défoncent. Une nuit où les rêves, les visions d’un futur proche, une colère et révolte, une liberté vont germer. Une nuit où tout peut devenir, se créer, séduire, s’exprimer ou au contraire échouer. Une nuit comme une étoile filante, une comète de Haley, feux follets d’une conscience qui devient. Une nuit à se permettre ce qui n’est pas toléré. Une nuit comme une volonté de tout stopper, d’arrêter le mouvement infini d’un monde, d’être, de tout voir et faire, de tenter les expériences et transformer les colères retenues, les ivresses en une vie au-delà des soumissions imposées. Être irraisonnables, insatiables, assoiffés de désirs, de sensations et d’émotions fortes, de provocations, une rage sans filtre.

Une nuit où les corps tournoient autour du feu, où les esprits s’éveillent, se confrontent à l’adulte qui semble naitre, à cette vie future érigée devant eux et pour laquelle aucune attirance ne se fait. Une nuit comme un brasier, étincelle de tous les possibles, les bravades, la quintessence des folies. Une nuit à portée de main, à croire aux possibles, aux révoltes indomptables, libérées, sensibles, puissantes. Une nuit à ne plus être transparent, friable mais vivant. Terriblement. Une nuit et ses interdits. Une nuit sauve.


« Quelque chose allait tomber sur eux ; c’était la nuit sans retenue, rien d’autre, avec l’ivresse, les rires et les corps nerveux se mouvant dans l’herbe mouillée. »

Un roman comme un feu, d'une sensibilité à fleurs de peau, un portrait d’une jeunesse fougueuse, mélancolique, sensible, affrontant le regard d’un monde qui ne veut pas du leur, de cette colère et cette ivresse  galvanisantes qui travaillent les corps, exaltent les pulsions, les mélancolies et croyances.

Une écriture qui déchire les ventres, entrelace les corps, pulse le cœur, réveille les pulsions, les sentiments et émotions. Des phrases comme des étincelles de poésie. Des portraits fusionnels, hésitant entre l’ombre et la lumière, entre les bravades et la rage, l’écorchure à vif et la mélancolie volontaire, des passages d'une croyance et foi en la douceur, l'amour, la liberté.  Indomptable.


« Dans ce bled ou ailleurs, il ne se passe rien, en somme. Si la violence existe, c’est aussi pour tromper l’ennui. Et il serait dommage de gaspiller tant de puissance disponible.»

Un roman qui nous replonge dans ces moments incertains, où la conscience se fabrique et devient, où les corps sont pulsions et vie. Insatiable de liberté et de rêves. Un roman comme un cri, une violence assassine, un champ de maïs qui brûle, des corps qui fluctuent au gré des musiques et de l’électricité d’une nuit où les étoiles filantes grillent. Une nuit qui sauve.


« Dans un monde idéal, la vie serait un rouleau, on se dit, une grosse vague qui nous soulèverait sans rien exiger de nous en retour. C’est ça qu’on demande. Rien de plus, rien de moins. Si ce n’est trop c’est beaucoup, en tout cas pour nous. »


La nuit sauve

Hélène Frédérick

Éditions Verticales

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