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  • Photo du rédacteurSabine

Hélène Dorion - Comme résonne la vie


« Parce que le ciel souffle sur le feuillage de nos silences et que battent les saisons, parce que la rosée bientôt nous rendra au petit matin et que les heures glissent entre nos mains des orages et des falaises parce que tant de beautés continuent de vivre et que nous sommes aussi tant de beauté, chaque jour, on traverse jusqu’à l’instant sublime où la terre, lentement la terre son doux visage d’éveillée, remonte de sa nuit remonte de sa nuit. »

Nous le savons tous que vivre est une caisse de résonance qui nous relie à la terre, l’air, la vie, nos sens, nos émotions, ces drôles ou putains de pulsations qui nous laissent sur le coté comme nous poussent toujours à nous relever et poursuivre nos envies, nos quêtes et nos euphories démesurées.

Nous savons tous que chaque jour nous avançons avec nos bonheurs, nos malheurs, nos fatigues, nos rires, nos peurs. Des désillusions pleins les poches, des vents contraires qui nous érodent, des yeux se colorant de gris les jours de pluie et imposant des valises trop lourdes à porter, des griffes qui nous abîment dans nos chairs meurtries, ces tatouages qui grattent, dérangent, agacent ou de sensibles brûlures qui nous rappellent combien la vie est un feu de joie auquel on aime se brûler, vivre, se réchauffer.


« On entre dans l’instant où la vie semble naître et mourir en même temps. »

La neige, le givre des matins blanchis sur les champs, la lumière d’une aube naissante, les fines pluies parsemant nos fenêtres ou encore la clarté blanchâtre de la lune lors d’une nuit d’insomnie sont nos lots quotidiens de notre labyrinthe interne, ce jeu de mikado où il est difficile de trouver la première baguette à saisir.

Rien de bien facile, rien de bien compliqué non plus, juste des chemins qui nous paraissent des fois absurdes, contraires, surdimensionnés, accidentels, surgissant au milieu de nos carrefours et nous obligeant à emprunter ces fameux itinéraires bis, ceux qui dévoient, rallongent, malmènent et à la fois nous font comprendre la nécessité de ralentir, de nous reposer ou poser, de ressentir cette approche comme une victoire sur nos fragilités qui sont si souvent décriées. Comme résonne la vie, comme résonne nos pas, nos cœurs, nos frayeurs, peurs, rires, vents contraires, marées, tempêtes, victoires même et souvent petites mais oh combien salvatrices.


Parce que oui la vie est une série de pulsations. Elle résonne dans nos levers, nos couchers, dans nos nuits étoilées et nos matins brouillards, nos ténèbres longues et esseulées. Elle est comme l’enfant qui grandit, celui que nous étions hier et qui devient adulte aujourd’hui. Elle résonne dans nos étoffes, sous nos épidermes et dermes, sous la peau. Elle nous défriche, nous irrigue dans nos fragiles espérances, dans nos terres nourricières.


« Tu entends soudain la pulsation du monde déjà tu touches sa beauté inattendue. Dans ta bouche fondent les nuages des ans de lutte et de nuées noires où tu cherchais le passage vers l’autre saison et comme résonne étrangement l’aube à l’horizon, enfin résonne ta vie. »

Un somptueux recueil de poésie d’Hélène Doriot qui résonne dans nos vies. Une chorale de mots qui vient orchestrer nos cœurs avec douceur, nous insuffler une force, une déraisonnable envie de dévaler nos chemins emplis d’orties et de ronces, de nous peindre des peintures de guerrières douces et tendres, emplies de cette résolution de vivre et d’aimer, de battre nos tambourins comme on bat nos tambours intimes, nos pas de danse. Ça vibre, ça rythme, ça bouscule, ça impulse comme au bord des falaises lorsque les fleuves grondent et les vents vrombissent.


« Et si derrière nos pas, le monde se remet à battre, que reviennent comme de grandes marées les terres à jamais entrevues et si je porte encore une trace c’est d’espérance en un commencement qui nous recommencera. »


Comme résonne la vie Hélène Dorion Editions Bruno Doucey

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