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  • Photo du rédacteurSabine

Grégory Panaccione - Quelqu'un à qui parler



« Pas de foot, pas de voyage! Pas de copains ! Et pas d'amoureuse ! Si je ne t'avais pas demandé, t'aurais même pas commencé à écrire. T'es pas moi, c'est pas possible ! T'as trop changé ! »

Lui c’est Samuel, la trentaine embrouillée, emmêlée dans d’anciennes histoires d’amour cul de sac, sous la mainmise d’un boss à tendance coriace et aimant saboter le travail de ses collaborateurs employés, dans une sinistrose d’adulte en mal de se trouver. La parfaite image du looser trentenaire négligé à souhait. Un travail qui ne le passionne plus, pas d’amoureuse, des potes perdus et 35 ans ! Un anniversaire comme un autre, une date sans joie ni amusement avec personne autour de la table pour chanter happy birthday et sabrer le champagne. Plus de potes, plus d’amoureuse, plus de parents ou famille. Seuls les voisins âgés de l’appartement voisin sont présents pour lui rappeler ce passage fatidique d’une année en plus. Samuel est seul et ce seul lui mine le moral, le fatigue, lui noircit sa vie, lui camoufle ses rêves et envies. Personne à qui parler, à qui dire j’existe, confier son mal-être, ses projets avortés, sa vie sans rêve ni envie.



Alors par la magie d’un numéro de téléphone, Samuel apprend à revivre, à redécouvrir ses rêves enfouis, ceux de son enfance, à écouter une petite voix qui lui rappelle son existence et ses envies. A entendre et avoir quelqu’un à qui parler.



Le coup de génie qui réside dans ce roman graphique tient dans son humour, sa sensibilité, son sens du détail de la comédie romantique et le génie du trait, du tracé. Panaccione joue sur le tableau d’un théâtre de boulevard tout en rendant cette histoire émouvante, humaine. Son trait se dérobe sous les caricatures et en même temps nous trace le portrait d’un homme en quête d’un soi perdu dans l’âge adulte, des rêves d’enfance dissimulés au fond des tiroirs, en quête d’une vie. Sous les apparences d’un trentenaire paumé, il nous réapprend à écouter notre passé, à confier à l’enfant qui sommeille en nous, la profondeur de nos rêves, de nos envies, de ce qui devient à un moment donné, la grâce.


Le style est poétique et à la fois très graphique, coloré, expressif, dynamique pour un roman graphique qui se lit avec l’envie de tourner les pages, d’aller à la rencontre des Samuel(s) et d’apprendre à devenir, grandir, à aimer, s’aimer. L’expression joue aussi bien par les messages que le trait, les paroles que le caractère muet de certaines scènes, le jeu du dessin qui explore la page ou se joue des cases. Et là où le feel-good pourrait devenir un piège, Panaccione en tire une histoire où l’humanisme vient planter sa flèche, réveiller en nous l’enfant qui dormait.


Après un océan d’amour avec Lupano et Un été sans Maman, Panaccione joue encore une fois avec nous et nous invite à nous aimer, nous faire aimer ses rêves que nous avions enfant et que nous avons oublier, à ne pas les abandonner. Une belle histoire à combiner avec le roman de Gaëlle Pingault, Attends moi le monde paru en septembre de cette année.


« J'ai abandonné mes rêves... J'ai trahi mon âme d'enfant... »


Quelqu’un à qui parler

Grégory Panccione

Le Lombart





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