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Photo du rédacteurSabine

Gaëlle Josse - et recoudre le soleil

Dernière mise à jour : 13 févr. 2022



« un feu pour réchauffer le cœur ombreux de nos labyrinthes là où nous n’osons descendre je suis le feu le vent la torche je suis folle de vouloir des incendies des joies & laisser mourir ce qui ne désire pas »

Qu’est ce que la poésie ? Où s’écrit-elle ? Comment s’écrit-elle ? Où se porte son regard, comment véhicule-t-elle sa prose, ses mots, son frémissement, ses sensations uniques et si différentes du roman ?


Je pourrais répondre à toutes ces questions en argumentant sur ce qu’est la poésie d’un point de vue purement lexical. Mais la poésie est bien plus que cela. Elle est un regard, une émotion, une sensation, l’apparition d’un sentiment, d’un sens. C’est une perception quasi infime de ce qui nous pénètre, surgit, porte, une note fugace, imperceptible qui jaillit et nous emporte loin de nos habitudes, de nos lieux et conforts de lecture, d’écriture. Elle est une empreinte dans un temps soudain qui remplit un espace et cela quelque soit sa portée ou son thème. La poésie est une chambre à soi, un regard intime, une attention particulière portée sur l’inattendue, l’infime, le « qui ne se voit pas ».


La poésie est un hymne aux mots. Elle est passé, futur et fortement contemporaine, cosmopolite et variée, riche et pauvre, visible et invisible, lumineuse et sombre. Elle est un art, une source à ce qui nous élève, nous transporte, nous débarrasse de ce qui nous encombre. Elle est la force de la douceur, la beauté du laid, la foi de l’inattendu. La poésie est un tout. La poésie est.


Et c’est par ces mots que nous convie Gaëlle Josse dans « et recoudre le soleil ».


Recoudre le soleil comme on en vient à recoudre nos vies, nos plaies lorsque celles –ci se confrontent à nos nuits, nos ombres, lorsque le désir nous convie à l’amour, à la rencontre et aux partages, lorsque la peur s’empresse de taper au corps et que celui se révèle être le compagnon de vie, protecteur et sauvage.


Il faut pénétrer à voix feutrée dans le recueil de Gaëlle Josse. Il faut accéder aux textes comme on lit ce qui est simple, beau, réconfortant, désirable et tendre, poignant, mystérieux, subtile. Lire ce regard en soi, l’esquisse de l’errance mélancolique, l’intime. Il faut pénétrer l’attente, le tout et le rien, le vouloir et l’impatient, le désir et l’incertain. Il faut entendre la sensualité des mots, la caresse exquise du texte, la volupté de la poésie, de sa sonorité, de ses sens, de sa lumière. Il faut comprendre « écrire c’est quoi ? ».


« une faim ardente à dire ce qui ne se voit pas, ce qui court sur les visages les lèvres les paupières la vie le vent les souvenirs des caresses. »

Et recoudre le soleil quand il devient nécessaire de se rappeler les mots, les textes écris dans des carnets, sur des tickets, des feuilles volantes ou encore des enveloppes ou agendas. Ecrire comme on laisse quelques mots de soi sur un simple marque page, sur des morceaux de papier, à l’intérieur d’un téléphone. Ecrire de la poésie comme on écrit des bouts de soi, quelques mots, pensées, des trésors encore cachés mais vivants par la simple beauté lumineuse remplie de ces moments fugaces. Ecrire quelques mots, quelques textes pour se sentir au plus près de soi, se sentir vivant. Vivant et vibrant.


N’écrire rien d’autre que ma maladresse, l’incertitude des mots emportés par la beauté profonde de ceux de Gaëlle Josse. Se perdre sur mon chemin, aller jusqu’au bout. Et recoudre le soleil.


« en marge toujours l’essentiel s‘écrit dans les marges à même la peau à l’encre sombre des alluvions recueillies ne pas dormir ne pas céder dans le désordre de l’atelier poser un oratoire. »

et recoudre le soleil

Gaëlle Josse

Notabilia

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