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  • Photo du rédacteurSabine

Gaëlle Josse - Ce matin-là

Dernière mise à jour : 25 janv. 2021


« Elle voudrait retrouver le grand vent qui fouette le vivant. Elle voudrait rejoindre cette part d’elle-même, cette part manquante, parfois entrevue, il y a longtemps. Vaincre cette attraction terrestre qui la cloue au sol. Elle voudrait s’alléger de tout ce qui pèse, qui peine, qui fait courber l’âme. Comme dans un déménagement, on jette, on laisse, on donne. Retrouver l’espace vierge pour accueillir ce qui compte. Chasser les ombres et les fantômes à grands coups de pied. Rire du bruit de leurs chaînes. »

Gaelle Josse a cet art de décrire, d’écrire une histoire. Elle tisse, ourle, laissant la matrice des mots, des émotions, des sentiments se mettre en marche, prendre corps. Une grande délicatesse dans la noirceur de la vie, du minuscule et l’universel. Il y a la beauté de l’élan, des fragilités, des incertitudes, des doutes, d’un regard, d’une présence, de ce qui est impalpable et demeure, reste, ancre. Il y a l’humain avant tout, sa détresse, ses espoirs, ses désillusions, ses rêves, son soi.


Gaëlle Josse me procure ces émotions, cette finesse, ce sentiment de bouger les lignes, d’avancer dans un mouvement lent mais sûr, un art, une écoute, un regard, une tendresse pour ceux qui sont tombés, ceux qui tombent, ceux qui tomberont demain. Une délicatesse pour les abimés, les fragilisés, les silencieux, les cachés aux yeux des autres, aux yeux de tous, aux yeux d’eux-mêmes. Ceux qui comprennent que quelque soit la chute, ce qui compte c’est d’apprendre à se relever, apprendre de ce qu'on est, comprendre et avancer.


« Une impression têtue, qu’il existe une rive quelque part, désormais. »

J'aurai pu vous parler de Ce matin-là d'une autre manière que celle que vous découvrez, vous résumer l'histoire, mon histoire, des mains qui se posent sur nos/mes épaules nous empêchant de couler, de tomber, nous invitant à nous relever, à être nous, à comprendre les mécanismes, le courage, la volonté et la bonté de ce qu'il est nécessaire de remettre en marche. J'aurai pu. Mais ce matin là est autre chose.


Ce matin-là est ce qui demeure lorsque la route n’est pas, plus droite, lorsque se lever revient à se demander pourquoi, pour qui, pour aller où, lorsque le corps lâche. Lire Ce matin-là quand tout dévie, quand le minuscule devient immense, quand le grain de sable devient ronce, les envies se font tangibles, supplices, impossibles. Ce matin là lorsque l’élan se teinte en immobilisme, lorsqu’il n’est plus possible d’avancer, de se trouver, de trouver cette place si difficile à acquérir dans la société, lorsque tomber est la seule chose envisagée. Ce matin-là quand il faut réinventer son parcours, retrouver ce qui procure son vrai, son sens, sa beauté, cette sensation exacte et si précieuse d’essayer, d’être au plus près de soi, de ses émotions, de ses sensations, de son cœur, de son âme.


Et Gaëlle Josse a cet art de nous ramener avec délicatesse dans ce qui fait notre chemin, dans ce qui se lit dans ce roman, aider à comprendre les mécanismes, aider à retrouver ce courage, cette envie de beauté, ce besoin d'être soi. Juste soi.


C’est pour cette raison que j’aime lire Gaëlle Josse. Pour retrouver ce chemin qui me mène à moi et laisser son écriture poser sa main sur mon épaule, sa délicatesse ouvrir le chemin qui mène vers le cœur, vers l’humain, vers le soi, le beau, l’être.


Etre là.

Etre au plus près de moi.


« Elle pense à ce mot, la reverdie, un mot démodé qu’elle avait trouvé joli, lu dans un livre il y a longtemps. Quand tout revient, en force, en beauté, en joie, en énergie. Ce mouvement entêté de la lumière, de l’oxygène et de la sève, qui ramène à la vie. […] ça revient, doucement, à petits pas, mais c’est là. »


Ce matin-là

Gaëlle Josse

Notabilia

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