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Gabrielle Tuloup - Sauf que c'étaient des enfants



Gabrielle,

(Lettre à ... - bis)




Cela fait plusieurs semaines que j’ai lu ton roman « Sauf que c’étaient des enfants », plusieurs semaines que je tourne autour de tes mots sans trouver les miens, à en écrire un billet, une chronique, quelque chose qui se tiendrait droit. Tu as fait de ce livre, un roman à l’enfance meurtrie, aux violences conjugales, aux actes de courage qu’il nous faut faire face à l’adversité, la démission, la complicité, l’incompréhension ou l’incapacité sociétale, aux actes, gestes barbares et inconcevables, aux viols et ses conséquences. Je ne sais que dire, comment l’exprimer, mais tu as appuyé sur un bouton d’arrêt d’urgence, une alarme, un point crucial.


« Le réel ne prend pas de gants »

J’ai lu et relu les mots de Nicole, celle qui t’a découverte, t’a prise sous son aile, nous a mis entre les mains ton premier roman si juste, si précis, sensible, "La nuit introuvable", sélectionné dans le cadre des 68 premières fois. Une écriture qui trouva un écho et résonne encore, toujours, prend de l’ampleur, une certitude. Comme elle, j’avais peur de te lire de nouveau. L’attente est tellement grande, la difficulté, le travail d’écriture tellement dur et incertain, qu’ils arrivent à masquer la foi qu’on a en l’autre. Et pourtant, il ne pouvait n’y avoir aucun doute.


On pourrait penser que tu as fait de ce livre, un sujet à l’actualité brûlante, au basculement de l’enfance outragée, violentée, de la cause éperdue de celles qui subissent la violence, l’emprise, la manipulation par autrui, des hommes, des femmes, les viols et leurs répercussions sur la société, les interrogations et prises de décisions, sur le moi profond et intime. On pourrait penser que tu t’es emparée de ces sujets qui font les hauts de colonnes ou les faits divers. Mais non. Tu as fait plus simple, plus fort.


Tu as donné la parole, la vie, la grâce, as remis les choses à plat, travailler la force et le courage qu’il faut pour admettre les violences sexuelles, la pédocriminalité, les silences, les actes, les consentements, les répercussions, les émotions et projections, les réminiscences qui ne sont que l’aboutissement de cette guerre de confiance que l’on mène contre soi, contre les autres, la société. La force et le courage pour se battre, tenter, renaître, être. Tu n’as pas joué sur les clichés. Tu nous as tendu une vérité, la vérité, les questions qui en résultent, sur le processus psychologique et la réparation lente, la prise de conscience, l’humanité et la résiliente.


Tu as fait cela avec la grâce de ton écriture, la fulgurance de tes phrases, la véracité des actes, la délicatesse de ton âme. Tes mots ont grandi, soulevé les montagnes, abattu à coup d'encre les indécisions et doutes, mis à plat les raisonnements et indélicatesse, les perturbateurs aux vérités bonnes à rappeler, dire. Ton roman est devenu notre. Tu as franchi une étape, celle de l'écriture, celle du premier roman.


Tu es autrice Gabrielle. Je le sais maintenant. Autrice à part entière et sans détournement.


« L'enfance a une date de péremption, pas la même que celle indiquée sur les paquets. Elle pensait qu'elle avait le temps de voir venir. On ne voit jamais rien venir. »


A découvrir les chroniques de Delphine, Amandine. Et remettre dans ces oreilles, l’émission Etre et savoir sur France Culture.




Sauf que c’était des enfants

Gabrielle Tuloup

Philippe Rey

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