« La nuit ses fesses chaudes dans le creux de mon ventre. S’endormir avec la conscience de sa présence même dans le plus profond du sommeil. On pourrait mourir maintenant. Puis au matin, il s’étire devant la fenêtre qu’il a entrouverte. Les bruits du boulevard périphérique. Nous avons passé plusieurs nuits ensemble mais je le vois pour la première fois dans toute sa nudité. »
Il y a les souvenirs ceux de l’enfance, les premiers regards, les différences physiques, les baisers du bout des lèvres, les premiers émois, les premiers effrois. Les amitiés mélangées de l'adolescence au détour de concerts, de rues désertes les soirs d’étés dans les banlieues grises. L’ennui, l’errance, l’amertume des délaissés. On vole du temps aux désespoirs, aux rêves de grandeur, à l'alcool et la drogue. Les yeux se cherchent, les mains passent à l’acte, se trouvent, se lèchent, se rejettent. Pulsion et répulsion sur le siège arrière d’une voiture, le long d’un mur de pierre, de draps qui se froissent, s’usent sous les corps rêches. Amants paumés.
Les possibles sont loin.
Les hommes aussi.
Le ressentir physiquement, psychiquement. Le vouloir violemment. Feu, brasier. Attendre. Offrir, partager, désirer, devenir, aimer. Follement. A ses côtés, dans le prolongement d’une nuit où les corps dénudés se sont offerts, aimés. Le regarder à l'en trouver beau, le caresser des yeux, y prolonger la main et laisser faire le reste. Sentir la brise fraiche des baisers enivrés.
Femme
Et de leur côté.
Du côté des hommes.
Une succession de récits où Fabienne Swiatly nous embarque dans la vie d’une femme au fil des regards des hommes. Une écriture sur un fil se déroulant telle une quête de soi, d'être femme, une passion amoureuse, une place, un endroit, un regard.
Des textes très courts s’ouvrant sur un titre de chanson, un extrait, un lien, un souvenir entre la narratrice à cet ou ces hommes, un fil entre le moment vécu et la chanson qui se fredonne. Comme un voile qui se découvre, un secret qui se délivre. Pudeur et impudeur. Fragilité et tendresse. Force et caresse. Tristesse et gaieté. Sombre et Luminosité. Les hommes sont tour à tour des salauds, des tendres, des lumineux, des héros, des terreurs, des petits frappes. Ils sont séduisant, avenants, beaux, frères, amis, amants, désirables, détestables. Ils sont nos envies, nos frayeurs, nos émois, nos amants, nos amoureux. Ils s’agitent, agitent, en quête, rempli de l'envie de laisser leur regard explorer le corps des femmes. Une écriture qui nous emmène à tourner les pages comme on se souvient des hommes qui ont jalonné notre chemin, du premier, le père, au dernier, celui qui nous tiendra peut-être la main.
Fabienne Swiatly nous enchaine à son texte émouvant, fragile, sensible, poétique sans en déflorer la trame. On se laisse prendre au jeu, au désir de poursuivre cette aventure, ces portraits. C’est un délice et d’une délicatesse absolue nous rappelant Annie Ernaux, son regard sur les femmes, les hommes, le sexe, l’amour. Une parenthèse, des tranches de vie d’une beauté absolue, des portraits touchants d’histoires ratées mais vivantes comme seuls les souvenirs les rendent, la nostalgie, l'amour, les matins, les soirs ou les premiers baisers délicieux.
Des histoires d’amours.
« Depuis que j'écris, je sais que les histoires vraies sont aussi des fictions. »
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