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F. Manguin, C. Becq - Ama, le souffle des femmes



« Pour être efficace, tu dois apprendre à gérer ta respiration […] Et même si ça nous fait ressembler un peu à des baleines, dans le fond elle me rassure. Et le jour où tu n’entendras plus ce soufflement dans l’eau, tu pourras te faire du souci pour le métier d’Ama. »

Une ile au milieu de la mer. Une ile comme un point minuscule à la surface de l’eau. Un territoire hors de portée du temps. Une île à quelques encablures de Wajima et Tokyo, villes à la modernité éclatante. Une île où les liens ancestraux se perpétuent de femmes en femmes, de libertés requises en libertés acquises. Une île comme un souffle, celui des femmes, celui de leur cœur, de leur âme. L’âme des Ama.

Hegura. Au large des terres nippones. Au large d’une vie où les hommes ont imposé un devenir, un avenir, une voie, imposé une vie d’homme. Pour y vivre, il faut savoir plonger au plus profond de la mer, se dévêtir, ne plus voir ces regards, ne plus entendre les mots qui font mal, ne sont que des rappels à la puissance, l’autorité des hommes sur les femmes. Pour y vivre, il faut plonger. Entièrement. Nue. Frôler les récifs, puiser au fond des rochers, au plus profond des courants, les ormeaux et autres algues qui apporteront de quoi nourrir et devenir une vraie Ama, une pêcheuse au pagne et au panier flottant sur les vagues, une corde attachée autour du ventre comme seule bouée de rappel au monde terrestre.


Ama.

La respiration du monde.

La liberté par la mer.

Ama ou le souffle des femmes.


« Tu veux savoir si je suis heureuse d’être Ama ? A vrai dire, je me suis jamais posée la question ! Ce que je peux et dire, c’est que bien sûr c’est dur de vivre de la pêche, ça l’a même toujours été quoi qu’on dise. Mais en même temps à aucun moment je n’ai voulu arrêter. »



Vous raconter l’histoire de Nagisa serait déjà en dire de trop sur cette bande dessinée au pouvoir envoûtant et poétique. Cela serait dévoilé une histoire qui ne vit que par l’histoire d’une coutume ancestrale et de femmes aux caractère et pouvoir forts, d’une liberté d’être et de devenir. Cela serait raconter la poésie des illustrations, le camaïeu de bleu outremer, l’océan et sa force, sa volonté de savourer la liberté, de puiser dans l’apnée, sa respiration, la clé à sa propre liberté, sa vie.

Ama est un souffle, une désobéissance aux lois, à une croyance en son sens, sa respiration, son chemin. Ama est une victoire sur la vie, sur ce destin que l’on trace pour nous e qui nous fait rechercher les biens précieux, le bien précieux : la vie dans sa plus simple nudité, sa plus grande justesse, sa plus grande liberté.

Ama est un souffle oui.

Celui des femmes.

Celui de la mer.

Celui de l’océan.

Le souffle qui nous rappelle à la vie.



« Si nous pêchons nues c’est pour s’adapter à la nature et lui prendre ce qu’elle peut nous donner. »


Ama, le souffle des femmes

Franck Manguin, Cécile Becq

Sarbacane




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