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  • Photo du rédacteurSabine

F. Colin, S. Goerg - Chicagoland



« Mon nom à moi, c’est Lewis Woodroffre. Dans moins d’une heure, à dix heures précises, je vais mourir sur la chaise électrique parce que j’ai tué une fille. »

Chicago, en plein milieu des années 50, les polars à la Montgomery Cliff, Hephrey Bogart, aux belles gueules et visages fatigués. Chicago et ses bas fonds, ses crimes, ses assassins angéliques qui un jour terminent leur vie sur une chaise électrique. Chicago où vit Maryanne Shaw, sœur de Carole. Maryanne, qui en ce matin d’une journée semblable aux autres, dépose sur ses lèvres un rouge-baiser, fume une fine cigarette et tourne une page. Tourner la page de l’assassinat violent de Carole, assister à l’exécution de celui qui la tuait. Maryanne, ses yeux, sa haine farouche, sa violence envers ce visage à la gueule d’ange. Maryanne et la mort d’un homme, la chaise électrique, le masque qui cache la figure du condamné, ses dernières paroles.


« - Aux yeux de Dieu, je suis innocent. Mais dans mon cœur, je suis coupable. Je suis désolé. Si profondément désolé, si sincèrement désolé. - Crève. Crève ! »

Voilà commence Chicagoland et on est tout de suite happé par l’histoire tirée d’un livre de RJ Ellory (« trois jours à Chicagoland »). On entre dans la peau des personnages, comme une doublure qui nous colle, nous poisse au plus profond. On endosse le costume de celle qui reste et assiste à l’exécution d’un homme, puis celui d’une femme tuée pour cause d’une nuit d’amour violentée. On devient l’inspecteur, enfile le pardessus et le feutre mou, arpente les trottoirs de Chicago pour devenir l’assassin. On suit l’enquête. Rien ne s’éclaircie. Enchevêtrement entre fiction et réalité, entre enfance et présent.


Une bande dessinée comme un bon vieux polar à la Humphrey Bogart. Une parfaite reprise du texte, un scénar en béton qui ne mollit pas. Une lecture cinématographique case par case, plan par plan. Tenu en haleine, les pages tournent, volent, s’imbriquent dans l’enquête pour mieux nous perdre. On est sous tension, happé, pressé de connaitre la suite de l’histoire, le coupable, le motif, le deal. Les dialogues sont percutants, oscillants entre une conversation, l’enquête et la narration d’un bon vieux nanar. On souffre, tergiverse, remonte pour comprendre que rien n’est éclairci, que le masque reste et restera. Que Chicago est Chicago.


Gueule d’ange et cinéma.


« Un film policier qui montre des choses telles qu’elles se passent vraiment ? Croyez-moi, vous ne voudriez pas voir un truc pareil. Une vraie enquête je veux dire. On use un sacré paquet de semelles mais pas en galopant avec un feutre sur la tête et un 9 mn à la main. Tout le monde aime ces gamineries avec James Cagney, et les épisodes où Joe Friday et Franck Smith pourchassent des truands à sales tronches avec des vestes à revers et des balafres sur la gueule. Mais ça, comparé au monde réel, c’est vraiment des comics. »




Chicagoland

Fabrice Colin – Sacha Goerg

Delcourt


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