Etienne Faure - Ecrits cellulaires
- Sabine
- 29 nov. 2020
- 2 min de lecture

Sans bruit, on entre sur la pointe des pieds comme on entre dans une chambre, une cellule, lieu de recueillement. En silence. Pour ne pas trahir ou bruisser la flamme vacillante, la liberté qui s’écarte. On espère mais l'espérance a vécu au delà de tout, sans effroi et sans remuer. Le lieu pousse à l’introspection, aux souvenirs, à ces courriers et amours laconiques qui marquent les années. Les aïeux en exil se rapprochent des corps, des frontières. Ils couronnent de leur mort, l’honneur des cellules, coquilles vides où s’entassent les mémoires.
« Du mort juste après le trépas l’écriture court encore »
La nuit enveloppe de son linceul de lettres mortes, de phrases vides, de pensées volantes, l’aube volatile et le cri des oiseaux nocturnes. Le froid monte comme arrive l’hiver. Le gel du dehors frappe aux carreaux, envahit l’espace. Nul doute que les oiseaux se réfugient, trouvent un nid, une chambre. Les odeurs entourent, prennent du relief. Tout est forme, cristallisation, habitacle. La cellule devient écritoire, écriture, lieu de vie des mots et phrases. La lumière monte du sol, l'amour souffle sa condensation, ouvre la fenêtre dans l'embrasure d'un poème naissant, un haïku silencieux. Le printemps se dévoile, alimente la feuille, l’air ambiant.
« Une fois n’est pas coutume, la lumière vient du sol où le ciel choit, cliché dans la clairière de l’Armistice en neige »
On avance, on lit, recueille le texte, sans bruit, nu. Au loin le bruit des vagues, son vrac dans les arbres, est la seule compagnie, l'émotion est contenue. L'ombre de la nuit se meut, prend possession. Avril s’entrevoit et sa poésie prend possession du lieu. La respiration se joue de la forme, plie sous la virgule, laisse l’espace au blanc renaissant, tempo allègre et allure galopante.
Sans ombrage on rend armes et défaites, victoires et échecs. On entrevoit la fin, le vin noir, la musique de la nuit, la tête dans les mains, les pensées pluvieuses et crépusculaires. La fraicheur marine ouvre le regard, laisse le cœur prendre sa largesse, inspirer la chambre, réveiller la mémoire endormie.
« Le châle qui couvrait les épaules de la chaise a glissé au sol apparaît le bois nu »
Et les heures jouent leurs musiques. Minuit sonne. L'insomnie reste, errance des bruits et odeurs, des mains qui courent sur le clavier comme le chat sur le sol. L'écriture embrase la chambre.
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