« Vous savez, tous les pro nucléaires sont pour Cigéo, parce que c'est une solution qui paraît simple et semble avoir réglé le problème des déchets. En fait, ça signale l'échec de l'énergie nucléaire. Et le pire, c'est que tous les futurs clients du nucléaire vont se sentir autorisés à faire du 'comme la France' : balancer ça dans des trous plus ou moins bien faits. C'est irréversible. Tant pis pour nos descendants. Et ça, c'est criminel. »
Il y a eu les mauvaises gens, les ignorants, Un homme est mort… Il y a le droit du sol. Le Davodeau engagé dans l’idée de ce que doit être la politique d’un pays en faveur de l’écologie : le droit de revendiquer un sol, un lieu, un endroit, une terre et d’en laisser une trace saine, en résonnance avec ce que l’humain devrait être. Le respect des milliers d’années que nous a offert la Terre et des souvenirs laissés. Le droit de ne pas envisager d’enterrer nos empreintes carbones, de défigurer les paysages et les territoires, de comprendre ce qui sépare la réalité de la politique.
Etienne Davodeau est le genre d’auteur scénariste dessinateur à mouiller casquette et chemise, à enfiler chaussures de marche et sac au dos, pour vérifier si le vertige de la notion de projet d’une Terre entre en résonnance avec la sienne.
800 kilomètres, de Pech Merle dans le Lot à Bure dans la Meuse. Pech Merle et ses grottes rupestres, son monde rural aux parois dessinées du passé des premiers hommes à Bure et des dernières traces, lieu de projection d’enfouissement de déchets hautement radioactif, lieu où l’humain laissera à son tour une trace de ce qu’il devient. De sa naissance à sa petite mort. Des grandes vallées chargées d’empreintes et d’humanités, aux villages et lieux désertifiés pour imposer une volonté politique soi-disant écologique.
800 kilomètres via la diagonale du vide, de ces territoires désertifiés par des décennies de politiques énergétiques, sociologiques, éducatives, sanitaires et j’en passe, délaissées, oubliées. La diagonale du vide loin du parisianisme et de ses idées d’une France commune, d’une France pour le meilleur et surtout pour le pire en matière de prises de consciences écologiques et énergétiques.
Etienne Davodeau parcoure ses 800 kilomètres à pieds avec pour seules énergies ses chaussures et sa volonté de comprendre ce monde, ce qui anime ces hommes de bonne volonté de laisser une trace pure et propre à ceux qui suivront. L’intuition qu’au-delà des plateaux et lacs traversés, des forêts et des grandes plaines surchauffées, des routes et autoroutes reliant des mondes opposés, Davodeau nous embarque dans sa réflexion sur les dangers des énergies nucléaires, fossiles, sur le dérèglement climatique, sur la notion politique de ce que représente Bure et sa complexité aux yeux de ceux qu’il rencontre sur son chemin. Il célèbre la nature, converse avec le monde végétal, regarde, observe, explore les pistes d’un univers fait de rencontres et d’idées. Il marche sur le vertige d’un monde qui disparait au fur et à mesure que meure le respect du mot nature, du mot écologie, détourné par les lobbys politiques. Il devient militant d’un amour d’une terre à sauver, à comprendre, à respecter, à protéger.
Le droit du sol est un journal de bord, de marche, d’une marche à la surface de la planète, à la surface d’un territoire que les lobbys politiques et autres enfouissent comme on enfouit les traces de ce que nous ne désirons ne plus voir. Le journal d’un engagé, d’une intuition que le monde idéalisé risque d’être différent des traces laissées sur les parois des grottes rupestres. Un monde où la flânerie, la poésie devient une prise de conscience réelle
Il faut prendre son temps de lire le droit du sol, prendre le temps de comprendre les enjeux de chacun, les études scientifiques et sociologiques, les vertiges à la traversée des précipices engagés. Il faut prendre le temps de tourner chaque page, de poser et reposer le livre pour mieux analyser sa propre conscience militante, de se retourner sur soi pour voir le chemin fait, avancer sur ses idées et respecter ses croyances en une humanité. Il faut regarder ce territoire tel qu’il est, devient et ce que nous voulons en faire, en laisser : un monde de demain, un monde plus humain, un monde propre et sain.
« Être chez soi, ici, n'as rien avoir avec un quelconque instinct de propriétaire. Ça relève sans doute même de l'inverse. Un sentiment d'appartenance. Le sentiment d'être à sa place. Et d'être en dépendance. Il ne s'agit pas simplement d'endroit où l'on se sent bien. C'est plus que ça. Des lieux d'intimité. »
« Ce que subit la planète, nous le subissons. »
je note, ça me tente bien ça !!
J'ai eu la chance de rencontrer Davodeau en débat/dédicace autour de cet album, c'était aussi édifiant, passionnant que flippant.
Mais je ne l'ai pas encore lu
Ça semby très intéressant !
Pas d'inquiétude, on prévoit maintenant d'envoyer nos déchets dans l'espace... (Non je suis d'accord, ce n'est pas drôle, c'est même plutôt flippant...) BD notée !
Peu optimiste mais nécessaire. Je note madame !