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  • Photo du rédacteurSabine

David Périmony - Billy Symphony


Baluchon jeté à l’épaule, tel un vagabond heureux, il vaque de rue en rue, enjambant les palissades de chantier, se faufilant entre les planches entrouvertes. Billy, grand sourire et coupe à la rock n roll attitude, mains gantées et bretelles pour tenir l’indémodable pantalon fifties. Cependant ce qu’aimerait notre Billy, c’est ce drôle instrument de musique qui trône dans la vitrine d’un fabricant d’objets insolites. Un instrument comme un cornet, avec une anche, un bocal suivi d’un long corps se terminant par un court pavillon. Un instrument tout de cuivre et d’or vêtus. Mais quand on est vagabond aventurier solitaire, les poches du dit pantalon sont plus souvent vides que remplies. Que faire, où aller, Billy peut il encore rêver ou doit-il continuer à errer l’âme en peine sans jamais pouvoir concrétiser son envie d’être un musicien hors pair, de jouer du saxo comme John Coltrane ou Charlie Parker ?

Et vous voilà embarquer dans une histoire digne des plus grandes aventures humaines et poétiques musicales. Tout en douceur et de ce petit je ne sais quoi, David Périmony nous embarque dans la symphonie de Billy. Une symphonie en doux mineur et en amitié majeur, en silence et en portée. Une symphonie comme un bon vieux jazz qui crépite sur la platine donnant la tonalité au graphisme, à l’histoire, à ce doux retour vers un avant le gros jazz rock n’ roll électrifié.


On y retrouve le talent d’un Walt Disney des premiers graphismes, celui des mains gantés d’un Mickey capitaine d’un bateau voguant sur le bayou floridien où on s’attendrait presque à rencontrer Bernard et Bianca, à taper la bavette avec un Gepetto marchand d’instrument de musique. Un poil de Tex Avery aussi quand la malice d’un Titi se fait ressentir. C’est poétique et rassembleur, beau, unique, nous rappelant Renaud Dillies, Abélard et surtout Betty Blues. Ce qu’on pourrait lire ou croire à la portée d’un enfant devient une bande dessinée qu’on ne cesse de lire, regarder, toucher, chaque personnage nous rappelant des personnages : Laurel et Hardy, un monstrueux monsieur Loyal chef d’orchestre d’un estaminet salle de concert, un alligator pas piqué du bayou.

La prouesse vient aussi de l’utilisation de l’espace, du graphisme dans lequel évolue notre Billy à la houppe rock n rollesque. On oscille telle une symphonie mélodieuse entre les croches, les doubles pages et la rythmique soudaine d’une portée de noires cauchemardesques. Sublime et poétique. Les couleurs, le crayonné se font gracieux, veloutés, poétique et nous surprennent par la finesse et la douceur de graphisme, du trait, du grain. Sans aucune parole, la lecture devient chantante, musicale et on place automatiquement sur la platine, un vieux 33 tours de Chet comme pour mieux ressentir la tonalité.


Il est difficile de parler de la bande dessinée de David Périmony sans vouloir la lire, la relire, la redécouvrir une troisième et quatrième fois. Comme un duo qu’on aimerait encore écouter, entendre, partager, une chanson qui nous ressemble, un automne emportant au loin les feuilles mortes tout doucement, sans faire de bruit.




Une lecture « triplettes » avec mes copines Noukette et Mo. Les bulles de la semaine sont à retrouver chez la douce et malicieuse Moka, qui nous a mis Billy entre les mains en bon chef d’orchestre, un jour à Angoulême (lire sa mélodieuse chronique)




Billy Symphony

David Périmony

Les éditions de la Gouttière




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