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Photo du rédacteurSabine

Constance Joly, Lisa Balavoine - Lettres à (6/6)

Tulsa, Oklahoma,


Tu as saisi l’étincelle. Et moi aussi. Je n’y crois pas : on l’a fait ! Dans quelques jours, ton sourire immense, tes grandes jambes et ton rire à faire fondre la glace… Plus d’un an qu’on ne s’est pas vues.


Un an

Quatre mille kilomètres

Un amoureux perdu (pour moi)

Un autre gagné (pour toi)

Un an mille vies deux océans


Tu as laissé ton vélo et tes cartons à dessin, moi mon ranch et mes teintures et je ne peux rien imaginer de mieux que ça : la certitude qu’au bout du chemin, tu seras là, que la route me conduit dans un endroit du monde juste.


Le pick-up est rempli de poils de mouton, (j’essaierai de nettoyer), une vieille peau lainée qui peluche (vestiges de F.), et de musique. Je conduis vite, vitres ouvertes, la gorge me brûle.


I’m standing in the wind

But I never wave bye-bye

But I try, I try


Je t’écris debout sur une pompe à essence, dans une station déserte qu’on dirait sortie d’un tableau de Hopper. Une tache de lumière dans la nuit, les lettres roses du néon

LAST CHANCE GAS



J’ai fait le plein de café, et de Cheez It au fromage soufflé, une éternité que je n’avais pas mangé ces saloperies, volupté absolue.


Tu te souviens de mon histoire d’oiseau ? Eh bien, en partant, alors que je rangeais mes outils dans la grange, j’ai entendu un piaillement minuscule. J’ai cru que j’avais marché sur un rongeur, (oh non pas ça), mais un autre petit cri a attiré mon regard vers le toit. Je suis montée à l’échelle tout doucement : une couvée d’oisillons était là, au chaud sur le foin blond, un fouillis de plumes dans une poudre de lumière dorée.


Joli signe, je me suis dit.


Love,




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