top of page
Photo du rédacteurSabine

Collectif - Lettres aux jeunes poétesses



« Lorsque j’écris. Je crois bien que je hurle. Mais ça je ne le dis pas. Je le passe sous silence. […] J’écris, je me réinvente. Je déplie le tapis de l’écriture. Je découvre au fur et à mesure les motifs. Les coutures. La trame. Et je recommence. J’écris à partir de mes manques. De mes échecs. […] J’ai pris corps par l’écriture, dans l’écriture. […] On devient ce que l’on est profondément. C’est ça. C’est ce qui fait l’écriture. C’est ce que fait l’écriture. On devient.
(Sophie G. Lucas) »

Jusqu’encore récemment, la poésie était rangée, triée par sexe. Il y avait d’un côté les grands poètes masculins de renommée internationale et la poésie féminine éculée dans les bibliothèques et autres librairies. On raillait ses textes, son écriture, la comparant à de gentils vers ou des maximes évoquant la maternité, le désir, la délicatesse, la sagesse, ses silences. Telle était la poétesse. La femme était et demeurait la femme, inégale face à l’homme, face au poète. Lui seul avait pouvoir à clamer, être, résonner de sa verve la beauté de sa pensée, de son écriture, ses lettres de noblesse, son prestige installé quand celui de la poétesse tentait de résister.

Puis sont arrivées les tornades féministes des années 70 et 80, 90. Celles des années 2010/20. Les bras de fer sur la féminité et être femme, la guerre, l’usage des mots, des écrits face à l’usage régalienne de l’usage, l’égal de l’homme, sur ce qu’est être une femme, le revendiquer, l’écrire. Etre une poétesse, une poète car pourquoi le mot serait différent alors qu’écrire est unisexe. Qu’est ce qu’une jeune poétesse, comment le devenir ?


A la manière de Rilke, un collectif de femmes poètes a dressé un cahier de doléance dépoussiérant, vivant, tonique, sonore à l’usage de celle qui aimerait le devenir, aimerait déposer ses mots, ses cris, sa beauté dans la poésie. Lire la prose de Chloé Delaume, la verve de Rim Batbtal, la brulure de Rébecca Chaillon ,la délicatesse subtile de Ryoki Sekiguchi, la lucidité de Sophie G Lucas, la modernité de Lisette Lombré ou encore le coup de balai de Sandra Moussempès nous font aimer devenir poétesse, écrivaine, se débarrasser du carcan, ouvrir le corps, sa sororité, être femme qui devient, est, croit en son avenir, croit en l’écriture et le revendique de façon vivante, politique, brulante.


Une transmission plus que des conseils sur être ou ne pas être, sur la place à tenir, à exister, à devenir, sur l’inspiration qu’il faut maintenir comme une conquête sur soi, plus que sur l’autre. Des textes borderline slamés, des mots, des sons, la nudité, de ne jamais se résigner, ne jamais éteindre la flamme, la femme. Etre feu, devenir feu, s’employer à construire une chambre à soi, frapper les mots à la couleur de son sang, de sa chair, de son être.


Lettres aux jeunes poétesses est un recueil à l’usage de celles qui désirent le devenir. A l’égal de l’homme, des hommes. Sans questionnement ni interdit. Des revendications sans ombrage, rumeur ou faux semblants. Dans la simplicité même du mot écrire, du mot poète, la place face au patriarcat, aux autres, à l’autre, à soi. Sur la légitimité à se dénuder, se dévêtir, endosser le crayon comme on endosse l’armure, les mots. Etre soi, devenir soi, déployer son corps, ses mots, son écriture, s’employer à les grandir, les faire grandir, devenir. Etre.


Devenir poète comme on devient écrivaine.


Sois ardente mon amie.

Ecris.

Ecris-moi cette lettre.

Ecris moi et dis moi qu’écrire est ta vie, ton chemin, ton toi, ton combat, ta façon d’être.

Ecris-moi

Et sois guerrière ma sœur.

Ecris.


« Ecris la nuit, écris dans le creux des stations de métro dans le mémo de ton téléphone daté, écris dans l’urgence, il n’y a que l’urgence qui te fera taper sur ton clavier. N’écris jamais rien de léger, même tes blagues doivent frémir. Décris les détails et parle de toi, de toi, encore de toi. […] Le bordel de ta tête est à l’égal du bordel du monde » (Rébecca Chaillon)

Lettres aux jeunes poétesses

Collectif

L’Arche

21 vues0 commentaire

Comments


bottom of page