La brume gourmande lèche le bout du Pain de Sucre Le suce Le croque L’avale Et mêlera bientôt ses lèvres à la mer La pluie rejoint l’orgie Le sable, ému, s’humidifie Le paysage semble absorbé Par ce baiser sucré salé
Rio Secret Claire Barré L'été jaune carré
Parler de Claire Barré en une dizaine de lignes, m’a t’on dit.
Quand je pense à Claire, je pense à un rendez-vous qui prit des proportions spectaculaires. C’était l’année dernière. Je n’avais pas pu écrire sur son roman qui s’appelait Phrères. Au motif étrange qu’il était trop proche de moi. Que la mythologie qu’il contenait était la mienne et que je ne savais pas en parler. J’avais vu des vidéos, de cette silhouette fine et cette voix magnifique qui lisait des textes audacieux, ciselés, érotiques avec une conviction douce. Admirable. Une manière d’assumer son étrangeté avec élégance. Une manière de ne rien s’interdire. Provocatrice, malicieuse, spirituelle, charismatique et dégageant une incroyable profondeur, une sensualité bienveillante. Une tolérance, une ouverture absolument lumineuse. La Grâce. J’ai dévoré son premier roman, Ceci est mon sexe. J’étais amoureux de ses mots. Je la reconnaissais.
Ce jour-là, c’était un début d’été. Elle avait accepté qu’on se rencontre. La ville était désertée de son vacarme habituel. On s’est mis en terrasse. On a bu du champagne. On a discuté pendant deux heures. De spiritualité, de chamanisme, d’écriture. Elle me parlait de son Pourquoi je n’ai pas écrit de film sur Sitting Bull, qui n’était pas encore sorti. Et je découvre une icône, une poétesse, une magicienne. Une voyante au sens rimbaldien qui incarne l’art qui l’a inspirée. Qui le porte en elle jusqu’à ces tatouages magnifiques qui font comme des torsades sur ses bras et tout son corps. Quelqu’un qui ressemble exactement à ses mots. Quelqu’un qui est exactement comme je l’imaginais. Une muse et une créatrice. Quelqu’un qui réconcilie les contraires. Qui confère un peu d’harmonie à son monde. Un peu plus tard, cet été-là, j’ai écrit la préface d’un poème d’elle « il se fait belle », édité dans un livre-bijou précieux et singulier. Ça symbolisait joliment notre rencontre belle, bouleversante et profonde comme deux âmes qui se retrouvaient après une longue séparation. L’un de ces êtres qui donnent la force d’être soi. Parler de Claire en dix lignes ? Mais comment le pourrais-je ?
(lorsque j'ai entamé cet été jaune carré, l'image de Nicolas s'est imposée dans ma tête. Je ne pouvais l'associer qu'à Nicolas Houguet et Claire Barré. Deux poètes volants dans le ciel)
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