" Prison : nf : n.f. Faulté qu'à l'être humain de se représenter par l'esprit des objets, des faits irréels ou perçus. Faculté d'inventer, de créer, de concevoir."
" Imagin : nf : n.f. Faculté qu'à l'être humain de se représenter par l'esprit des objets, des faits irréels ou perçus. Faculté d'inventer, de créer, de concevoir.""
On l'appelle "Tout seul" : c'est le fils du gardien d'un phare isolé en pleine mer que ses parents, maintenant disparus, ont tenu à l'écart du monde car il est atteint de malformations. 50 ans qu'il vit ici, sur ce caillou, dans son vaisseau de granit. 50 ans ! Il n'est jamais venu à terre et personne ne l'a jamais vu, pas même le patron du chalutier qui le ravitaille. 50 ans qu'il n'a pas été plus loin que son bout de rocher.
Pour seule compagnie : un poisson rouge, un dictionnaire et une imagination emprunt d'embruns et de grands larges qui lui permet de s'inventer un monde et de supporter sa solitude. La solitude, cette compagne qui est son quotidien, sa compagne d'amour et de désespoir. La solitude du vieux loups de mer, du gardien du phare, la solitude du bout du monde.
Tout seul et son récif escarpé, sa gueule cassée et ses envies de voyager.
Tout seul et cette irrésistible envie de ne pas s'étioler dans ce phare perdu en pleine mer. Tout seul et sa peur : celle qui l'habite, celle qui le freine, celle qui lui interdit de voir au delà de son récif, la peur de se surpasser, la peur de voir franchir la vague qui l'amènera au delà de son phare. La peur irrésistible, le doute, la crainte de l'horizon, de la plage, de la côte.
Des événements vont peu à peu subvenir à sa routine et l'amener à découvrir un nouvel horizon. Mais pourquoi quitter ce phare, cette prison alors que le monde au-delà de cette satanée ligne d'un bleu-azur fait si peur ? Où s'évader lorsqu'on n'a nulle part où aller ? Comment combattre la solitude et empêcher que ce silence perpétuel ne devienne assourdissant ? Comment accepter de faire le pas sans se noyer dans l'océan ? Comment accepter que le dictionnaire tant de foi consulter devienne un atlas à naviguer ?
367 pages de bonheur, 367 pages de plaisir, 367 pages de tendresse, 367 pages d'amour, 367 pages de poésie, 367 pages d'émotion pure.
Christophe CHABOUTE a encore une fois chamboulé mon horizon, ma routine (n.f. habitude prise d'agir ou de penser toujours de la même manière. Ensemble d'actions répétitives et monotones). J'en suis ressortie envoûtée, submergée, pataugée, nagée, sirénée, palmée, vivante.
Lire "Tout seul", c'est accueillir des émotions à l'état pur, de la poésie, de l'art... Cette histoire (je devrais en fait dire ces histoires tellement CHABOUTE a l'art de me transcender, de mettre de la lumière dans ces planches noires ) est un bijou d'humanité, un écrin de chaleur. C'est un grand bonheur, un beau moment de pudeur, de rencontres, de partages.
Et si Christophe CHABOUTE avait croisé mon regard au moment de la dernière page, il y aurait vu des larmes coulées, des larmes de joie, des étoiles de mer, des phares allumés.
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