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Photo du rédacteurSabine

Christophe Chabouté - Moby dick




Chabouté. Melville. Moby Dick.


La plus grande légende maritime. Le plus grand roman de la littérature d’Outre-Atlantique. Des mots qui galvanisent, des plages de silence qui en disent plus long que tous les plus grands discours, la présence d’un être maritime qui devient un Dieu Démon, un bateau qui part à la dérive, du bois qui craque, des mats qui s’hérissent dans le ciel pour toucher le firmament des enfers, les étoiles du nord qui guident les matelots vers des lieux de perdition. Du sang à l’encre noire, de la colère folie qui se dessinent dans les yeux, la sueur, l’huile, les armes, le feu, l’obsession, la mort…


Christophe Chabouté tutoie un chef d’œuvre littéraire de la littérature américaine, tout devient d’une efficacité redoutable, d’une précision magistrale et fidèle à Melville et son Moby Dick. Un dessin qui restitue fidèlement le roman. Les traits sont aiguisés comme des harpons, aucune douceur, tout est folie, comme une décomposition d’Achab, ce capitaine à l’esprit ravagé et revanchard d’un Moby Dick qui lui a volé une vie. Chabouté nous fait ressentir l’effroi, la peur, la folie qui s’empare des hommes. On ne sait plus si le danger est à bord du navire ou si l’animal mythique est lui-même le démon à abattre.


On relit mot à mot le roman de Melville comme un manuscrit qui aurait été découvert dans une bouteille perdu au milieu de l’océan. Aucun dérapage, aucune voie d’eau, nous embarquant dans un univers autre que le romancier et propre à l’illustrateur.

Mais là où Moby Dick devenait un récit d’aventure, Chabouté nous le dessine avec un trait intimiste, proche privilégiant le monde clos du navire au détriment des grandes explorations maritimes. Un navire où seul le bruit de la jambe de bois d’Achab se répand comme une trainée de poudre ; un navire où seul la folie d’un homme donne, comme un sextant, la direction à suivre ; un navire où l’homme ne devient plus homme, les traits deviennent folie et l’encre nous perd au fond du ventre du mammifère à la renommée internationale.


Le dessin est précis, les silences en disent plus long que tous les bulles qui pourraient s’écrire. Et comme toujours le génie de Chabouté agit. Insidieusement. On retrouve sa force à tracer des visages humains, sa magie à représenter les caractères propres à chacun et on se dit que pour tutoyer Melville, il a fallu que lui aussi côtoie la folie des hommes pour s’emparer aussi efficacement de sa plume. Il y a du Moby Dick dans Chabouté. Il y a du Tout seul dans Melville. Il y a du Terras Neuvas dans l'air.


Bref quand Chabouté s’empare de Melville, Moby Dick devient enfin ce personnage au nom dantesque et à l’univers maritime de folie. Grandiose. Monstrueusement grandiose.



Moby dick

Christophe Chabouté

Vent D'Ouest


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