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Christian Chavassieux - Lettre ouverte à l'autre que j'étais



« Tu ne reconnais pas en moi l’adulte que tu es devenu, pas plus que je ne reconnais en toi l’enfant que j’étais. Nous somme tellement différents, c’est à ne pas croire, deux individus qui n’auraient pas la même  histoire. Et pourtant il fallait bien qu’on converge un moment pour fusionner en moi, qui te parle. »

Les correspondances ou lettres à… ont toujours eu sur moi ce goût particulier, de ce petit quelque chose qui touche irrémédiablement le derme et l’épiderme, l’infime particule de notre enveloppe et intérieur. Toujours cette émotion de se sentir un peu comme chez soi, de recueillir les mots et les laisser s’infuser délicatement.


Et ce recueil, cette « Lettre à l’autre que j’étais » de Christian Chavassieux n’échappe pas à la règle. Peut être même qu’il touche encore plus la moelle osseuse, la colonne vertébrale. Ce qui fait de moi, de nous. Ce qui a été moi, nous. Ce qui m’/nous a bâti, construit, dérobé, enduit. Comme un masque que l’auteur m’/ nous a tendu, nous a tendu, dans ce que j’ai lu et qui m'a fait prendre une feuille et écrire une lettre à l’autre que j’étais, à celle que je ne suis plus mais qui m’a donnée. L’autre que j’étais.


« tous ces défauts contre lesquels celui qui sera moi a pris la résolution, un jour, de lutter. Un demi siècle [ou presque] de combat qui commence à porter ses fruits. »


Car qui n’a pas un jour eu envie de s’écrire, de revenir sur celui/celle qu’on était, de reconnaitre en lui/elle, les défauts qui nous bouleversent, les qualités sur lesquelles on s’appuie, sur ce qu’on est devenu grâce ou à cause de lui/elle, cette personne que nous sommes à présent. Qui n’a pas eu ce besoin de se réconcilier, de retrouver le chemin du pardon, de l’acceptation. Une lettre digne de ce moi, égo de notre âme, égo de notre personnalité, qui nous a tant donné.

Et il est fort ce texte, fort et doux. Fort par les mots qui frappent doucement notre cœur, s’infiltrent sous notre peau. L’émotion est palpable, résiliente, bienveillante. Le texte est beau car il nous relie à notre longue histoire, à ces petites pierres que l’on dresse pour construire notre mur.


« Certains ont voulu nous faire croire que l’enfance donne la forme du tout ultérieur, mais l’adulte apprend beaucoup, je l’affirme. Tu n’as pas tout fait non plus, tu n’es pas responsable de tout ce que je suis. Loin s’en faut. »


De ce recueil, j’ai eu envie de tout noter, recevoir, de comprendre, accepter. J’ai eu envie de regarder cette photo que l’on cache au fond de soi, de peur de retrouver les failles du passé, de faire ressurgir les fantômes. Et comme un voile que l’on déchire, comme des peaux mortes qu’on accepte de se séparer, à la lueur de la lumière d’un soir, à la grandeur de l’aube qui se dévoile, j’ai demandé pardon à l’autre que j’étais. 



« Un jour, cet autre lira cette lettre. Je ne sais ce qu’il en pensera (encore un futur impensable). Sache, toi, l’autre que j’étais, que l’intérêt de la vie réside peut-être dans cette cécité. Notre incapacité à observé les infimes mouvements qui aboutiront à l’être que nous serons plus tard. Et sa beauté, en partie, je crois qu’elle est dans la découverte soudaine qu’un jour, nous sommes devenus un autre. »


Lettre ouverte à l’autre que j’étais Christian Chavasieux Le Réalgar

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