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  • Photo du rédacteurSabine

Casado et Pelaez - Un peu de tartes aux épinards


« Je m’appelle Marie-Madeleine Madac Miremont. Je sais ça fait beaucoup de « M ». Je me dis souvent et encore aujourd’hui, tu prends ton destin à demain. […] Pasque j’ai un p’tit quelque chose à moi de l’autre côté d’la route. Mon champ d’épinards. »

Chez les Madac Miremeont, on ne roule pas sur l’or. On pourrait même dire qu’on n’est pas loin de la dèche. Marie (parce que Marie Madeleine Madac Miremont, c’est quand même un poil trop long) élève seule ses 8 enfants dans une ancienne maison de garde-barrière héritée de feu son père (qui en a vu passer des trains et que même il y en a un qui lui a roulé dessus), dans un coin de campagne tranquille de l’Aube. Sa seule ressource tourne autour de petits boulots glanés çà et là. Un maigre pécule pour nourrir la famille. D’où son idée de cultiver un petit champ et de confectionner des tartes aux épinards à vendre au marché de Machy. 2€ la part, 12€ par tarte pour une plante qui pousse toute l’année. Quasi l’Eldorado pour une famille qui n’hésite pas à mettre la main à la tarte.

Mais la quiche aux épinards, c’est les mauvais souvenirs de cantine de l’enfance, comme « la ratatouille, la soupe aux choux, les carottes râpées avec plein de sauce, les feuilles d’artichaut qu’on trempe dans la vinaigrette». Des feuilles vertes qu’on forçait à manger avec des œufs durs. D’où l’avis mitigé des villageois (et surtout les villageoises railleuses). Les ventes ne décollent pas. Point à la virgule (« à la ligne maman, à la ligne »).

Jusqu’au jour, M.M. Madac, 10320 Machy, reçoit un colis pas banal, posté de Somalie : de longs brins de plantes vertes rendant euphoriques et pouvant se manger ou se boire en infusion. Alors il se peut qu’en mélangeant quelques-uns aux épinards, peut-être que fortune sourira au pot de terre. Allez savoir vous des fois ce que peut révéler une idée surgissant soudainement !


« C’est ça l’idée qui a mis le feu aux poutres : des tartes aux épinards. »


Derrière une idée tirée tout droit d’un fait divers aux gags et rebonds assez croustillants, Casado et Pelaez nous livrent une bande dessinée caustique à souhait où les ressorts des Vieux Fourneaux ou Les Beaux Étés ne sont pas si éloignés que cela. La verve politicienne en prend plein son grade, la langue de la réalité sociale se fait réelle et des difficultés digne d'un James Bond surviennent.


L’action se muscle au fur et à mesure du scénario donnant à la naïveté primaire de la bande dessinée, du mordant et du charisme, de la verve mais aussi une certaine douceur, candeur. Le graphisme rond et plein d’énergie de Casado rebondie de case en case. Les gags sont truffés de situations cocasses subtiles et divertissantes sans être dans une dérive délirante ou bouffonne. Les méchants deviennent de vrais durs à cuire ressemblant étrangement aux tontons flingueurs et la famille Madac Miremont s’apparente à un remake de Speed copyright combi Volkswagen. Maman Madac devient une vraie héroïne digne d’une Sandra Bullock aux formes arrondies et beaucoup plus tendres apportant le sourire et la douceur.


On en vient à mordre à pleines dents la part de tartes de ce roman graphique mi polar, mi comédie campagnarde et à se resservir une deuxième part de quiche aux épinards.


« On fait pas d'omelettes sans battre les œufs tant qu'y sont chauds, comme on dit ! »

A lire chez les deux tentatrices Moka et Noukette et retrouver toutes les bulles de la semaine chez Noukette



Un peu de tartes aux épinards

Tome 1 : Bons baisers de Machy

Casado et Pelaez

Casterman




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