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  • Photo du rédacteurSabine

Caroline Laurent - Lettre à



Ma chère Samar,



Je t'imagine dans la chaleur ocre de la Méditerranée et soudain me vient l'envie de te demander "Comment va le Liban?", ce qui serait une autre façon de te demander "Comment vas-tu?". Bien sûr, cela serait réducteur. Nos pays ne sont que des fragments de nous, de nos enfances, de nos mémoires. On n'est jamais d'un seul territoire, personne ne l'est, et les Libanais encore moins que les autres. N'êtes-vous pas toujours-déjà d'ici et d'ailleurs ?


Il y a un an, l'explosion du port de Beyrouth. Et aujourd'hui ? Que ferez-vous de la montagne des colères et des courages, des folies et des détresses, que la réalité crue vous oblige à gravir, indéfiniment ?


La terre coule dans les veines, dit-on, le souvenir de la terre, cette bonne, cette malheureuse terre. Celle de tes ancêtres agriculteurs. Celle de ton exil, ou plutôt de tes exils. Si je savais dessiner, je croquerais ta silhouette au milieu des oliviers et des cèdres, et si je le pouvais, je ferais apparaître le parfum des champs, la marbrure des sillons, asséchés par le feu de l'été, le chant du muezzin au loin, et sur ton visage triste, je déposerais un sourire.


Ma chère Samar, que ces quelques semaines au Liban te permettent de vivre ce que tu as à vivre et de trouver, sinon la douceur, sinon l'apaisement, la lumière.


Sans doute sera-t-elle crue, et vive. Qu'importe, elle sera.


Dans le fond, c'est simple. Samar au Liban : lumière dans la lumière.


Je pense à toi et t'embrasse.


Caroline



Lettre à

Caroline Laurent

Un été jaune carré



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