Et puis s’effacer. Laisser place à l’espace, la lumière, le corps qui n’est qu’un instrument à vent, n jeu de construction. Laisser entrer le silence, la puissance du reflet, de l’estompe. Entendre le frémissement du mot jouer avec la rime, le vers, la poésie de la photographie qui se reflète. Lire la chair comme si elle entrait par effraction et tendresse en soi, comme une magie d l’instant.
« Tu sais toi l’évènement d’un visage reconnaitre la main qui donne de celle qui prend »
La pudeur prend le pas sur l’émotion. Retenue et détachement, fluidité aérienne. S’effacer de soi. S’effacer pour mieux laisser entrer l’autre. L’empreinte du visible, la force de l’invisible, de ce qui n’est pas mais demeure, est, vit. Faire face à sa perception, reconnaitre le pli, le visage, les présences retirées qui demeurent. Voir les reflets se miroiter dans l’espace, sur les murs, la porte, une baignoire. La lumière et son ombre chinoise d’un soleil levant. S’effacer, s’éclipser, devenir suspension, l‘éclat de l’instant, la trace du sombre. Faire reculer le monstre de la forme, mille figures imprécises, se détacher de l’incertain, du selfie qui trompe son monde. S’effacer en l’autre comme le poème s’efface devant la photo d’un voilage qui vole, masque le temps.
Grâce d’une poésie du silence et de l’effacement de l’image.
(poésie et photos de Carole Darricarrière)
Comments