« Foutez-vous un peu la paix. Il y a déjà assez des autres. »
J’ai ouvert ce recueil comme on ouvre la poésie chantante de Brigitte Fontaine : avec fougue, ivresse, cette tendresse et ces mots, cette personnalité étrange qui nous bouscule, trouble, nous amène à jouer avec les sons et les mots. J’ai ouvert la cage, la cage à cet oiseau rouge à l’œil ironique qui ornait la couverture et j’ai regardé s’envoler les mots. Une tendresse absolue, une poésie de rien qui faisait beaucoup plus que qu’une poésie de beaucoup qui ne fait rien.
Il y avait la mélancolie des longues journées pluvieuses où l’envie de se lover dans sa caverne est plus forte que tout. Il y avait les questions qui ensoleillent l’instant, la folie passagère et merveilleuse de la vie. Il y avait l’émotion qui devenait palpable et douce. Il y avait cette femme qu’on a juste envie d’entendre nous dire que la vie c’est autre chose que ce bordel ambiant, que cette brume dans laquelle on évolue, on rumine.
Un vrai bonheur mélancolique et malicieux, humain. Un vrai bain de jouvence à nos errances passagères, à l'humanité qui fait qu'on désespère, aux questions qui tarabusquent et tournent en vrille dans nos ciboulots fatigués.
« Oublie d’avoir raison et tu comprendras tout. »
« Quand on ne croit plus rien au moins on ne peut plus douter. »
Comme un détour, un sentier qui rallonge la voie rapide et la rend poétique, j'ai bifurqué, ai fait un pas de côté, laissant sans réponse les SMS pense-bête. Brigitte Fontaine et son bazar, ses jeux de mots et sa façon m'ont rappelée qu'il était possible de vivre autrement.
« Qu’est-ce qu’on nous a fait ? Combien de mains nous a-t-on coupées ? Comment a-t-on pu se résigner ? Qu’est-ce que c’est que cette absence de nous en nous, que nous faisons tourner entre nos doigts comme une tasse vide ? »
Et puis, j’ai remonté le fil rouge du dessin d’Alfred. J’ai retrouvé Ariane, ai dénoué les sonorités des phrases lues, l’absurdité de la question sans réponse, me suis amusée de ses jeux, ses devinettes entre textes et images. J'ai rebondi de graphisme en mot, trouvant l'ingéniosité extravagante et tendre, poétique. J’ai trouvé que cette petite passe de deux entre Brigitte Fontaine et Alfred était comme un bonus aux mots. Une belle manière de les mettre en graphisme, de dénouer les nœuds.
Boulevard des SMS est une tendre invitation à poser nos questions qui tournent en rond, à bifurquer loin des longues avenues et autoroutes contemporaines, de signaler au détour d'un mot où se situe notre état, notre vie, notre humanité, nos réflexions et émotions, à tourner le dos à la complexité d'un monde qui ne tourne pas à la même vitesse pour tout le monde, à prendre le temps de mettre à plat nos errances.
Boulevard des SMS est une belle rencontre entre Brigitte Fontaine et Alfred. Une rencontre entre les mots et le dessin, entre ces quelques paroles griffonnées sur un écran, des bouts de pensées qui peuvent sembler désuètes, bancales et la vie qui passe à toute vitesse.
Boulevard des SMS de Brigitte Fontaine et Alfred ou l'art de continuer à mettre dans notre quotidien de la poésie chantante, branlante, riante, changeante, bouleversante. De poursuivre à essayer de prendre la vie pour ce quelle est, telle qu'elle est : avec joie, surprise, bonté et étonnement.
« Si je meurs, ce sera de joie »
Ce roman graphique est dédié à la cantonade et il n'y a pas de plus belle et sincère dédicace que celle ci.
Ne prenez pas vos désirs pour des banalités. »
J'aime la dernière citation et j'aurais bien besoin de poésie. Je prends !!
Je ne sais pas trop quoi en penser. Je dirai oui pour le côté poétique mais les illustrations très minimalistes ne m'emballent pas des masses.
Je me laisserai certainement tenter si je tombe dessus !
pas du tout du tout tentée :D (ni par le dessin, ni par l'histoire :D )
Brigitte Fontaine et Alfred.... La belle association que voilà !!