« Dans l’ancienne maison des magiciens, rien n’a changé et il règne un silence harmonieux. Dehors les guêpes et les abeilles bourdonnent et la brise chuchote ses mots de toujours. »
Il était une fois une maison qui avait vu naitre de grands magiciens détenant les savoirs et les clés d’un monde. Ils avaient vécu dans cette chaumière laissant place à une forme d’abandon, de silence où seul le bruit du vide se heurtait au désordre ambiant, à un règne endormi sur le point de se briser. Restés sur le plateau verdâtre d’une table vermoulue, une théière et une tasse ébréchée. Sur un mur, un tableau au verre poussiéreux, les dernières traces d’une existence en sommeil. Mais chaque objet possède une âme !
La révolte grondait entre les parois fragiles de la théière et de l’image encadrée. Restants de magiciens endormis, leurs pouvoirs ne demandaient qu’à retrouver la suprématie, leurs éclats absolus. Ils sortaient de leur torpeur et cachette. Ils s’échappaient. Seuls le Machefer, dragon terrifiant au corps de billes et La Chasseresse, longue liane humaine descendue d’un fil d’araignée, semblaient pouvoir les arrêter, compromettre leur criant besoin d’émancipation.
Mais nul n’est magicien sans avoir des pouvoirs secrets, mystérieux, sans connaitre l’éclat des histoires et fables, contes émanant des plus grands sorciers, l’utilisation extraordinaire, envoutante, fabuleuse du surnaturel. Nul n’est magicien sans connaitre la part du faux ou du vrai, des amis et ennemis, l’utilisation de la féérie et des sortilèges, les déguisements respectables et nuisibles.
« Imaginez que le monde soit une feuille de papier. Nous avons percé un trou à la surface de cette feuille et nous sommes passées sur l’autre face. […] Aller dehors nous a retiré nos sorts habituels. Pourtant la source de toute magie est ici et seul un vrai magicien peut sortir du monde. »
Bienvenu au pays du conte, des princes et magiciens, fées ou autres sorciers. Bienvenu chez Blexbolex, illustrateur utilisant l’univers des collages, des pochoirs, des superpositions, des dessins naïfs et léchés, des techniques des plus modernes aux plus éculées du monde du graphisme. Blexbolex. Un nom aussi mystérieux que Mandrake et son dandysme ostentatoire, Vladimir Lebedev et sa technique des aplats colorés, Miyazaki et son approche narrative d’un monde violent et de l’émerveillement, ou encore un graphiste digne des jeux de plateaux.
Blexbolex.
Les magiciens.
Un univers envoutant, mystérieux où seule la loi du plus fort semble régner en traitre et maitre. Un univers où pour connaitre la fin de l’histoire, il faut tourner les pages poétiques comme on accéderait à une clef, un indice caché dans le dessin, un mot subtilement dissimulé. Tout est intrigue et aventure. Et pourtant au détour des pièces avancées, découvertes, on entre dans la fable. Un conte noir, une interprétation d’un monde obscur, où seuls le désordre et la guerre sont les secrets d’un règne absolu, de la toute puissance détournée grâce aux contrôles des âmes et des profits.
Blexbolex détourne les codes des univers des jeux vidéo, du graphisme, dde la bande dessinée, des arts. Il fait appel aux plus grands en utilisant les cadrages et univers des contes russes ou chinois, aux bestiaires fabuleux et mystérieux, à la magie de Miyazaki et de sa princesse Mononoké guerroyant dans un monde « Château dans le ciel » où l’écologie est la seule victoire possible. Il détourne les pochoirs, superpose les aplats, colore un monde noir et sans âme, nous emmenant dans des revers émotionnels envoutants, spectaculaires, fantastiques digne d’un univers de jeux vidéo.
Une vraie pépite inclassable tournoyant entre les contes et nos actualités.
Magnifiquement somptueux !
« Je ne t'ai pas passé ma propre magie uniquement pour te rendre la vie et la mémoire. Il s'agit d'une toute autre affaire car tu viens de devenir ce que jadis tu chassais : l'une d'entre nous. »
Il n'y a que toi pour dénicher de tels OVNIS, j'adore !
malgré ce que tu en dis, je passe, le dessin me rebute un peu :D
Je ne connais pas du tout mais ca envoie du lourd au niveau des couleurs !
Quel univers que celui de Blexbolex ! Tu donnes envie de découvrir sa bande dessinée.
Je retrouve l'univers des albums lus chez mes arrières grands parents !