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Photo du rédacteurSabine

Antoine Mouton - Les chevals morts



« il y a tellement de gens seuls dont on dirait qu’ils ont perdu des morceaux d’eux-mêmes il y a tellement de morceaux de gens qui ne sont plus eux-mêmes après avoir perdu quelqu’un je ne voudrais pas, nous, qu’on se perde et qu’on se morcelle…»

Les chevals morts sont des histoires d’amour, de celles qui nous tiennent la main, le cœur, qui ne nous quittent pas quand tout nous quitte, quand la vie semble au bord des gouffres, la tristesse gagner le jour, quand les mots insensés deviennent chanson de Brel, de Barbara, des actes d’amour que seuls les chevals morts peuvent comprendre, entendre, aimer. Les chevals morts sont un hennissement silencieux, un trot au pas pas pas pas galop, pas trop vite, pas, cataclop cataclop sublimant l’ode du vide, de l’abandon encore et toujours possible, des désirs qui restent quand l’autre semble s’enfuir, fuir.


Antoine Mouton a ce trait d’écrire ce qui semble impossible à écrire, à dessiner de mots, les tristesses invisibles, les amours désirs, les amants évidents. Il déploie les mots dans un roman poème prose, une poésie prose roman sans se soucier des cadences à donner, des mouvements à prendre, des vertiges désirables. Il contourne l’écriture, donne sa variante, sa mesure, son trot galop au pas, sa pensée. L’amour embrase la mort et l’inverse se fait. Les écrits se lisent qu’importe le souffle, le sentiment, le halètement, la direction à suivre. Le jaillissement avant le possible, le peut-être, l’instant de grâce absolu, la poésie.


« les chevals morts se nourrissent de nos erreurs du foin de nos erreurs de tout ce foin qu’on fait entre leurs dents, avec nos erreurs […] ils ont l’air plutôt tristes et silencieux ils crient mais on ne leur parle pas ils hurlent mais on leur demande de se taire et le pire c’est qu’ils obéissent »

Il faudrait lire à voix haute les chevals morts, s’en faire une danse indienne, une danse de joie, une danse de mots, un brasier, un sacrement aux possibles toujours et encore, aux désirs qui s’enfuient, enfouissent et qui renaissent à la grâce d’une simple main posée, d’un éclat d’une langue écrite juste pour ce moment où… Il faudrait le lire dans le creux de l’oreille, celle de la joie, de l’envolée, de la pudeur démasquée, des sexes avant l’embrasement, les rythmes et recueils dans les landes, avant les peut-être, les écueils, les ce serait mieux ou moins ou pas …, avant les tristesses et les solitudes, les peurs et les abandons, les pensées tristes, les absences, avant que les chevals morts ressurgissent dans un galop, une danse sur la lande, une chaleur hennissement.


Peut être que les chevals morts ne sont jamais aussi beaux que lorsqu'ils tirent la tristesse pour en faire un chant d'amour. Peut être que les chevals morts sont ce chant. Le chant des erreurs mais pas des fautes. Le chant des peut être mieux, le chant des peut-être. Peut être que les chevals morts.... Peut être...


« les chevals morts sont dans les mots un seul suffit nous n’avons pas le droit à l’erreur les chevals morts ne nous rattraperont pas les chevals mort ne nous rattraperont pas »


Les chevals morts

Antoine Mouton

La Contre Allée

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