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Antoine Emaz - Lichen, lichen


« Ne pas unifier, ne pas fermer, ne pas enfermer, ne pas mouler, ne pas revenir au même, ne pas taire, ne pas s’interdire, ne pas se réduire, ne pas s’encager, ne pas s’y croire, ne pas s’endormir, ne pas craindre, ne pas cesser d’avancer, ne pas crier, ne pas geindre, ne pas s’affoler, ne pas ne pas voir, ne pas faire comme si encore que, ne pas s’oublier, ne pas fumer autant que boire pendant un certain temps encore que, ne pas être séduit, ne pas refuser, ne pas seulement comprendre, ne pas s’apitoyer sur soi, ne pas s’enterrer, ne pas trainer, ne pas finir, ne pas séparer, ne pas iodler, ne pas isoler un livre, ne pas tricher, ne pas surplomber ni surplomber ni plomber tout court, ne pas faire en sorte, ne pas être sûr. »

J’aimerai trouvé les mots, écrire, déposer sur une feuille, sur un écran ce qui fait l’émotion juste, la clarté d’une phrase, la force d’un texte, de ce que l’écriture est et apporte. J’aimerai trouver les mots comme on trouve son chemin, celui dans la nuit ou dans l’aurore d’une journée. Se recouvrir avec, être, devenir, trouver sa place, une place, puiser dans la matière même comme on puise dans les lettres, dans les syllabes, consommes, voyelles, dans la matrice même de ce qu’est la chair, la pulsion cardiaque, le fragment d’une vie.


Ecrire c’est quoi ?

Trouver les mots.


Une friche, un établi, un atelier, du bric à broc monté, démonté, des doutes en puissance, la persistance de l’interrogation, d’une faille, d’une certitude incertitude, d’une reconnaissance à soi pour soi. Un fil décousu, à retordre, tordre, une matrice, un bout de lignes sautant de paragraphe en paragraphe, un regard qui se pose, s’expose, joue avec les lumières et les contrastes, les lignes de fuite et d’horizon, les marges et les fissures, les failles, l’oubli et la mémoire, les traversées en eaux profondes, les fulgurances, les brisures et les pics d’adrénalines. Ecrire c’est quoi ?


Des poèmes, des poètes, la plaque sensible d’un être, une photogénèse du cœur dont l’obscurité et les profondeurs sont la lumière même de l’âme. Etre, devenir, crier ou pas, désacraliser ou sacraliser, politiser ou poser, déposer, trouver, raturer, polir, devenir, revenir, douter toujours, encore, tout le temps. N’être qu’un fragment dans la perception infime, intime, du rien, du tout, de l’infime, du entier. Ecrire comme être.


Devenir.

Vivre.


« N’être tenu par rien, se tenir. »

Et poser ce livre à coté de soi, en soi. Ne pas l’oublier. Le tenir serré comme on serre son cœur dans sa paume. Pour résister, tenir, s’arracher de soi et devenir soi. Vivre. Ecrire.


Essentiel. Un essentiel.

Des doutes rempli de vie.


Et le relire, encore. Relire. Relire. Lire. Relire.

Ecrire.

« Parfois il faudrait pouvoir recharger les mots. »


Lichen, lichen

Antoine Emaz

Rehauts

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