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Antoine de St Exupéry - Lettres à l'inconnue

Dernière mise à jour : 12 janv. 2020



« Petite fille, j’ai essayé de vous téléphoner […]. Je vous ai aussi envoyé un mot de quatre lignes mais vous n’avez pas accusé le coup. C’est pourquoi, petite fille invisible, je me suis inventé la petite fille ci-joint dont je vais me faire une amie, comme du Petit Prince, et dont je vais raconter l’histoire. […] Elle est toute mélancolique parce qu’elle ne sait pas encore que je suis pour elle un grand ami, mais je crois que sur un de mes prochains dessins elle va sourire. »

Difficile de vous parler de ce texte, cet homme, Antoine de St Exupéry, qui aimait les hommes plus que tout, ces terres, ce désert à jamais inexplorés, ces vols de nuit, ces cœurs de femmes et d’enfants qui battaient sous le coup des obus tombant à leurs portes, ces citadelles forteresses d'une richesse humaine. Difficile car intemporel, connu, reconnu et à jamais découvert, redécouvert.

Tout est là. : la vie, la poésie, les déserts, l’errance, la solitude, la fulgurance de l’homme, la richesse d’une terre piétinée, l’enfance qui sème à tout va l’amour dans le cœur des adultes, la mort, la mélancolie, la tendresse, l’humanité, l’humaniste, la solitude, la tristesse, la joie, les rires. Tout oui. Et surtout l’amour.


« L’amour est avant tout audience dans le silence. Aimer c’est contempler. » (Citadelle)


« Lettres à l'inconnue »… J'ai découvert ce titre en mars 2013, au Salon du Livres de Paris. Drôle d’endroit pour une rencontre, pas la plus romantique ou silencieuse, pas la plus discrète ni la plus intime. Mais ce salon fut celui de la naissance du blog, de ma rencontre avec une Facétieuse Lucie et une Insatiable Charlotte. Un salon où une amie m'a sorti ce livre des étagères dans lequel il se cachait et me l’a tendue en me faisant un clin d’œil. Rien de plus. Une lettre à... Et depuis un livre, un texte lu et relu.


« Les contes de fées c’est comme ça. Un matin on se réveille. On dit : « ce n’était qu’un conte de fées … ». On sourit de soi. Mais au fond on ne sourit guère. On sait bien que les contes de fées c’est la seule vérité de la vie. »

1943. Après avoir passer deux ans aux Etats Unis et rédigé Le Petit Prince, St Exupéry rejoint Alger et retrouve le chemin de l'action militaire. « Lettres à l'inconnue » : une lettre, des lettres d’amour à une inconnue croisée furtivement dans un train qui relie Oran à Alger, une ode à la beauté d’une femme d’un jour, celle qui laisse un parfum, une odeur à jamais. Cette rencontre amoureuse, la dernière avant sa disparation, avant sa mort à bord de son avion en pleine mer Méditerranéenne. De cette rencontre (la belle étant mariée), il fut retrouvé des lettres, une correspondance, accompagnées de dessins qui reliés l'auteur à son personnage fétiche, son double, son Petit Prince. La solitude, l'amour, l'orient, l'homme et ce qu'il est, cette part singulière que l'on retrouve dans ses ouvrages, l'enfant blessé, la colère contre celle qui l’ignorait, la mélancolie, la construction d'une vie, l'amitié.


« Je découvre avec mélancolie que mon égoïsme n'est pas si grand puisque j'ai donné à autrui le pouvoir de me faire de la peine. »

Sous les traits de l’enfant aux cheveux épis de blés, Antoine de St Exupéry compose ses plus belles lettres d’amour, dessine à celle qui n’a pas de nom, une petite fille qui l’a émue, une femme qu’il a aimé, une histoire où le Petit Prince dit son au-revoir à l’enfance, aux contes de fées. Il demeure ce poète, cet homme qui aimait l’amour sous toutes ces formes, l’amour de la vie, l’amour de la rose qui pique, du renard qui devient ami. Il écrit ses dernières lettres et se, nous rappelle qu’« on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ». Comme une partition finale, une ode à l'amour non partagé et l'amitié, à ses résignations qui une fois adulte, nous délivre de l'enfance. Le Petit Prince s'est piqué à la rose et la belle n'a pas répondu à son chagrin. Et pourtant de ces lettres se dégagent l'intime, le pudique, l'universel, une correspondance amoureuse à jamais muette bouleversante et lumineuse, douloureuse de l'attente sans réponse, la peine et la tristesse., la sincérité, la beauté.


« Je ne veux plus me brouiller avec toi. Tant pis pour moi si je suis parfois un peu triste. Tu as raison sur tant de choses, je te ferais sans doute plus de mal que de bien. Sans doute, non, mais peut-être. Alors j’ai pris de grandes résolutions et tu peux me revoir. Je suis ton ami. »

Alors s'il vous plait, laissez moi croire qu'il soit possible de dessiner encore un mouton, de rencontrer au milieu du désert un renard et une rose, un serpent, un aiguilleur, des étoiles, un aviateur...


« Voilà l’histoire que j’ai rêvée pour m’inventer un souvenir, un dernier souvenir qui vaille la peine. »



Lettres à l’inconnue Antoine de St Exupéry Gallimard




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