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  • Photo du rédacteurSabine

Anne Collongues - Ce qui nous sépare


« Ce qui n’est pas dit n’est pas pour autant effacé. La vérité dissimulée pèse double, comme des vêtements mouillés. »

C’est l’histoire de ceux que je croise tous les jours, ceux que je vois, mémorise, regarde, imagine. C’est l’histoire de tout ce qui nous sépare et finalement de tout ce qui nous rapproche, tout ce qui est nous, eux, vous, toi, moi. C’est notre histoire, celle des matins chagrins, ensoleillés, farceurs, des soirs fatigués, rieurs, saugrenus. C’est l’histoire de ceux que l’on oublie de regarder tellement ils se fondent dans notre quotidien désabusé, dans nos trajets de vie, dans nos trains de banlieues, nos TER de campagne.

C’est l’histoire de ces petites gens, de ceux qui de retour d’une journée urbaine, rentrent chez eux, dans leur maison, leur HLM, leur appartement aux dimensions non requises pour pouvoir encore respirer convenablement. C’est l’histoire de vie, de passagers clandestins de cet instant où les paysages défilent derrière la vitre de la voiture d’une rame RER allant de Paris vers la banlieue. C’est l’histoire de tous ces gens qui ne se voient plus, imaginent, courent après le temps. C’est l’histoire de la vie, de sa simplicité et sa complexité, des joies et des souvenirs qui font prendre des décisions. C’est l’histoire de tout ce qui nous sépare et nous rapproche tellement.


« Peut importe la destination, seul compte le départ »


Comme un passage, une transition, ce moment où la vie échappe, se focalise sur ce que nous sommes, devenons, aurions aimé être. C’est l’instant fugace où avant de rentrer, la fatigue tombe sur le corps, l’esprit, embrouille les cartes, fait voyager les souvenirs, les rêveries, les pourquoi et tous les bonheurs qu’il suffirait de cueillir simplement.

Juste une histoire de ce qui peut séparer les êtres qui semblent si éloigner les uns des autres et qui se retrouvent l’espace d’un trajet à monologuer, revivre, vivre, penser chacun dans leur bulle. Tout ce qui les sépare, tout ce qui les rapproche, tous ceux que nous sommes. Il n’y a ni héros, ni voyous, juste des êtres comme vous et moi, des hommes, des femmes qui n’aspirent qu’à une chose : trouver son bonheur, trouver son moment à soi, son instant de transition qui fait le voyage.


D’une écriture simple et fluide, sociologique, photographique, poétique Anne Collongues nous emmène dans ce voyage intérieur. Tout en douceur et questionnement, elle nous captive par ces êtres qui semblent au bord de leur vie, qui se retrouvent plonger durant un trajet à réécrire leur vie, leur souvenir, leur envie. Et l'art d'Anne Collongues est de nous questionner, nous faire regarder ceux qui voyagent avec nous le temps d’un trajet, nous ramène dans cette position de simple voyageur, simple âme tout en bienveillance et tendresse. Une saudade désabusée de nos vies, de celle qui font que les voyages en train sont enrichissants, des histoires d’amour aux parfums achevés, aux aventures d’un jour au croisement d’un arrêt, aux possibles et aux lointains.


« Un jour, la nuit n’existera plus et les étoiles seront une attraction payante qu’on viendra regarder en mangeant du pop-corn »

Un billet écrit dans le cadre de l’opération menée par l’insatiable Charlotte et des 68 premières fois, édition 2016.



Ce qui nous sépare

Anne Collongues

Acte Sud



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