top of page
  • Photo du rédacteurSabine

Andrea Serio - Rhapsodie en bleu



« À dater du jour du 15 octobre 1938, Victor Emmanuel III, par la grâce de Dieu et par la volonté de la nation, roi d’Italie, empereur d’Éthiopie, ayant entendu le Conseil des ministres, décrète que tous les enseignants de race juive seront suspendus de leur service, et ne pourront être inscrits les élèves de race juive. Sont considérées comme de race juive les personnes nées de parents tous deux de race juive, quand bien même elles professeraient une autre religion que la religion juive. » Mussolini - 15 octobre 1938

15 décembre 1944. Océan Atlantique septentrional.


L’océan à perte de vue. Bleu. Bleu des souvenirs blues, bleu profond, bleu nostalgie. L’inquiétude, la houle et la boule dans le creux des corps, le vertige des traversées inconnues. La peur au fond du cœur accrochée telle une ancre marine, comme un désert océanique à traverser. Bleu des avenirs brisés, terreur de retrouver un pays sous les bombes, les armes, aux mains des forces ennemies, des paysages laissés et dévastés, des liens familiaux abandonnés, brisés. Bleu océan, bleu profond, bleu blues, bleu peur, bleu guerre, bleu tonnerre, bleu tempête, bleu terreur. Bleu GI.

Eté 1938. Trieste


Quelque part le long des côtes italiennes. Sous un ciel bleu, bleu azur, bleu solaire, la Dolce Vita, la plage, l’insouciance innocence, l’insouciance d’une jeunesse, des soirées à faire-refaire le monde, des rêves, d’un possible destin, des sons encore lointains d’un conflit, d’une voix guidant le peuple vers la haine, la guerre, de lois raciales et fascistes, la montée de l’antisémitisme.


Bleu noir, bleu peur, bleu horreur.

Bleu désarroi. Bleu tragédie.



Il faut prendre le temps d’entrer dans cette histoire aux contours bleutés, dans cette page connue d’une Italie aux drapeaux ornés d’un aigle, d’une Italie encore honteuse d’avoir pactisé avec le diable. Prendre le temps et trouver ces propres mots, sa propre émotion face à la beauté des planches, face au désarroi d’Andrew Andrea. Le silence nous suit longtemps. La force d’évocation s’infiltre et nous laisse sans voix devant le crayonné pastel, le graphisme entre un bleu estampé, encore un peu flou, une caresse et un bleu profond, appuyé évoquant la peur, la montée de la terreur. Il y a comme une confidence, un silence qui s’introduit, un blues, des notes en fa mineur qui creusent la traversée, se déposent sur les cœurs, un poème, une tragédie homérique.


Rhapsodie en bleu

Rhapsodie in blue


A lire chez Noukette.


42 vues7 commentaires

Posts récents

Voir tout
bottom of page