« Tenir journal de ses jours combats livrés ou siestes sable de rivière noter bruissements agitations en dehors de la maison inventorier les nuits sans lune tous les étourdissements debout. »
« Tenir en respect monstres épines malgré nos tailles minuscules boiteries pansements chaque coin de rue les jambes en attendant debout. »
Tenir comme un leitmotiv, une litanie, une prière à nos envies d’abandon, debout comme nos rappels incessant à nous coucher. Tenir debout pour ne pas désespérer, ne plus croire, laisser faire et courber l’échine, le dos, passer la main sur les arriérés, oubliés. Tenir pour continuer à espérer, se forcer à continuer, s’emparer de nos rêves comme on s’empare de notre souffle. Vital. Nécessaire. Résister.
Tenir pour être de ce monde, d’un monde, survivre dans son espérance, sa beauté, le silence et la vie. Tenir parce qu’il ne peut en être autrement, parce que le désespoir ne peut gagner, se satisfaire de nos peurs et doutes, de nos larmes et pulsions démoralisées. Tenir et sourire, encore, toujours. Debout et sentir le bonheur envahir le corps, courir vers sa portée, sa voûte.
Tenir debout et croire en soi. En la vie.
Encore. Parce tenir… debout. Toujours. Conduire sa vie. Décider de le vouloir. Etre debout.
« Tenir boutique de nos impacts reçus visage autour des yeux troupeaux de bouches couvant la bouche trous noirs milliers comme une mémoire levée debout. »
Tenir. Apprendre à se faire confiance, entendre la parole engagée, se fondre et rester celle qui y croit, reprendre confiance. Tenir coûte que coûte qu’importe le fil qui bouge. Tenir. Debout. Résister aux vents contraires, aux colères énoncées, aux impacts reçus. Lever la tête, s’engager dans la vie. Surfer sur la vague, se noyer mais nager. Revenir et lutter. Tenir face à la fatigue et aux déconvenues impromptus, aux frayeurs et humeurs. Envers et contre soi. Rester debout, pour voir plus loin, plus haut, plus grand. Croire au bonheur, à un bonheur. Même minime, même minuscule, mais y croire car grande est la victoire.
« Tenir de source sûre et certaine que mille chose invisibles se tiennent autour de cohérence cheveux tirés au beau hasard pour tracer route passé présent jusqu’à tous les demains debout. »
Tenir debout parce que je suis de ce monde.
Albane Gellé, ses mots, sa prose, cette façon qu’elle a de jeter les mots, les phrases, d’oublier ponctuation et grammaire, de nous emmener à composer notre lecture, à attendre les mots qui vont s’imbriquer entre ce Tenir de début de phrase et ce debout qui conclut le paragraphe. Une force, émotion, de tenir la ligne et de s’engager dans l’encre, la poésie. Nul combat ou colère, nul amertume ou pessimisme. Au contraire, on sent la beauté s’infiltrer dans chaque mot écrit, chaque prose ressentie. Un souffle, de l’air, une inspiration-respiration-expiration à la volonté d’être dans un monde, le sien, celui là. C’est fort, simple, vivant, fulgurant, tonifiant. Des textes d’une tendresse et beauté, fulgurant d’énergie et de volonté.
Tenir Debout Je suis de ce monde Si je suis de ce monde Tenir Debout
« Tenir des billes des cailloux pour les plus grands trésors de vie à emmener île déserte avec des cœurs décorés et les phrases toutes les phrases enfants vieillards encore debout. »
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