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Alain Kokor - L'ours est un écrivain comme les autres

Dernière mise à jour : 22 févr. 2020




« Tout de même... Passer des jours et des nuits penché sur une machine à écrire afin de recréer la vie telle qu'on la connaît, la vie telle qu'elle pourrait être... »

Tout le monde le sait, l’ours est un écrivain comme les autres. Comme tout bon mammifère qui se respecte, il est sans conteste un être doté de raisons. Mais qu’en est-il de l’homme qui se prend pour un être surpuissant, un idéaliste de la cause littéraire, un génie de mots et de l’espèce. Qu’en est-il quand un ours au caractère bien plus humain que les humains, s’empare d’un manuscrit écrit par un écrivaillon retiré dans les montagnes, et devient un écrivain à la mode, plébiscité par les médias, d’un Hollywood toujours plus inventif et surprenant, d’un New York à la vie nocturne folle et désabusée, d’une Amérique à la recherche d’un nouvel Hemingway. Un ours, un écrivain qui, somme toute, est comme les autres.


Il fallait bien le génie poétique, désabusé d’Alain Kokor pour adapter roman de William Kotzwinkle. Il fallait bien avoir ce regard humoristique, cet œil encore enfantin pour oser s’approcher de ce petit monde où les titres et les réflexions sur le monde littéraire sonnent faux, où les éloges se distribuent à coup de belles pensés, de trouvailles commerciales créatives bien ficelées. Il fallait ce trait, cette patte d’ours, ce penchant pour la réflexion, l’éloignement de la scène pour comprendre que derrière chaque grognement émis par ce fameux ours, écrivain comme les autres, se cache un génie de l’autodérision, un pourfendeur des belles lettres, un philosophe de l’édition et du petit monde littéraire qui gravite autour.



Mais ce qui fait le charme de ce roman graphique est au-delà de la satire littéraire, de rôles que l’on reconnait, de cette mise en lumière sur le microcosme d’un parisianisme à la sauce new yorkaise. L’ironie est grinçante, l’humour pourfendeur de vérité, la réflexion intelligente et véritablement poétique. Rien n’est laissé au hasard et pourtant il y a une véritable tendresse, un charme fou à rencontrer le dessin, la poésie graphique d’Alain.


Au-delà de la retranscription du roman de William Kotzwinkle, on se laisse guider par le trait gras, charbonneux, le pastel malicieux, la mine de crayon humble et les tons ocres, orangés bruns foncés, doux, poétique. Nulle autre couleur, comme pour mieux accentuer et ricocher sur l’absurdité de l’histoire, de la mise en scène. L’animalité en ressort grandie, l’humain absurde, la folie accentuée, les réflexions mutiques du plantigrade mal léché, gourmand de miel et de l’homme désespéré prisonnier d’un texte à jamais reconnu. On entrevoit la philosophie de ce microcosme et du monde plus globalement, l’emballement créatif et marketing, la scène publique chercheuse du dernier buzz, la bêtise humaine, l’anéantissement de la réflexion écologique.



Et pourtant derrière ce qui pourrait être un pamphlet, ce cache une véritable poésie, une tendresse, une douceur que l’on croque, une réflexion, un charme et une intelligence, une humilité de ce que peut-être un véritable écrivain, un illustrateur, un créatif des mots et du dessin.


L’ours est un écrivain comme les autres. On ne peut dire le contraire après avoir voir découvert la patte d’Alain Kokor.


« Professeur, romancier et j'ajouterai... grand dépressif. Vous me direz, l'un ne va pas sans l'autre. »


Les bulles de la semaine sont à retrouver chez Stéphanie et une lecture à retrouver chez Mon bar à BD préféré et ma Noukette de cœur (En souvenir d’un Angoulême magnifique)




L’ours est un écrivain comme les autres

Alain Kokor

Futuropolis





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