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A. Delalande, G. Mardon, H. Prolongeau - Le travail m'a tué

Dernière mise à jour : 22 févr. 2020




« Un harcèlement moral, mais institutionnel en même temps, organisé, et personne de responsable. »

Il faudra bien que j’arrive à en parler un jour, à faire fi de ce qui obstrue, empêche, bâillonne, intimide, rend invisible, épuise. Il faudra bien qu’un jour sortent les mots, les phrases, les cris, la colère, la fatigue, que tout cela s’écrit, s’inscrit quelque part, empêche ce geste qui me détruirait encore plus. Il faudra bien que je trouve non pas la force, mais la volonté de croire qu’un possible peut encore exister, que le monde de l’entreprise n’est pas lié qu’à un management ultra codé, libéral, libéré de toutes enclaves, frontières et vide d’humanité. Il faudra bien oui.


Comprendre.

Ne pas être anéantie.

S’user, s’épuiser, se sentir minable et enterrée.

Garder la tête sur les épaules.


Se battre.

Monter au front.

Encore, toujours.

Même les jours de fatigue, de disgrâce, d’énervement ou de colère.


Faire face.

Non par égo mais pour exister, vivre, croire en soi.

Encore un peu.

Encore beaucoup.

Mais toujours encore.


Rester soi.

« Le fric, le fric, le fric, les finances, la rentabilité, y a plus que ça qui compte. »

Cette bande dessinée n’est pas qu’un roman graphique, de simples bulles et quelques traits bien dessinés. Elle est un cri, une alarme, cette envie profonde de réunir un monde où la valeur du mot travail n’est pas celle du mot esclave, où la définition est celle d’une tâche reconnue, un ensemble d’activités par lesquelles l'homme satisfait ses besoins et transforme la réalité.


On pourrait démontrer mille étapes qui visent à nuire cet ensemble, à décomposer et désolidariser les processus, à faire bouger les lignes et les solidarités d’équipe, à multiplier les actionnaires toujours et encore tendant la notion de travail à une valeur boursière, financière. On pourrait parler de ces lignes hiérarchiques, des mails distribués à tout va et à toutes heures, du soir au matin via la nuit, des formations déformées et dématérialisées derrière des codes de e-learning et autres notices-fascicules distribués. On pourrait noter la toute puissance des écoles où sortent des managers libérés de tous cadres, statufiés et médaillés par des idéaux financiers et individualisés, budgétisés. La loi du plus fort, du plus beau, des égos et des plus, toujours et encore plus. On pourrait parler des valeurs déshumanisées au profit de rentabilité, de méthodes de travail désacralisées, d'objectifs individualisés.


« Mais il faut faire mieux encore. Le monde s'ouvre. La stabilité d'une boîte comme la nôtre n'existe plus. Il va falloir encore plus prouver que nous sommes les meilleurs. Nous devons changer nos méthodes de travail et nous adapter aux défis de demain. Pour cela, l'organisation de vos tâches va être modifiée, ceci pour le bien de tous. »

Comment exister en un tel monde, se retrouver dans un processus où le mépris, l‘incohérence, les stratégies de ressources dites humaines sont inhumaines, cachent l’arbre dans la forêt, conduisent au processus d’isolement, d’épuisement, de meurtrissures et blessures. Il n’est pas possible de ne pas croire que le travail ne tue pas, que le monde de l’entreprise n’est pas qu’un lieu de paix social mais un vaste champ de batailles incessantes où les ouvriers, les cadres, les employés, les salariés, cols blancs ou blouses bleues, roses... sont les divers grades d’une armée de papiers, d’argent sale, de spéculations administratives et ingrates.


Le travail tue. Et ce roman graphique le rappelle. En urgence. Comme pour ne pas oublier tout ceux qui se battent, se sont battus, sont tombés, se relèvent et ceux qui sont là, dans l’ombre, pour veiller à ce que le droit s’applique, que la guerre n’est pas gagnée par ceux qui l’écrivent dans des mouvements illégitimes.


Le travail tue.

Jusqu’à quand tuera-t-il encore ?


A lire maintenant et avant qu’il ne soit trop tard !



Les bulles de la semaine sont à retrouver chez Noukette.



Le travail m’a tué

Arnaud Delalande

Grégory Mardon

Hubert Prolongeau

Futuropolis




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