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Photo du rédacteurSabine

A. Camus, H. Grindat, R. Char - La postérité du soleil



« Ici veille, sous les boucliers d’argile tiède, un peuple de rois. L’herbe pousse entre les douces tuiles rondes. L’ennemi est le vent ; l’allié, la pierre. » - Albert Camus

Il faudrait prendre le temps d’écouter le silence des mots, la politesse et la délicatesse du vent, la chaleur accablante d’une fin d’après midi au bord de la Sorgue, pénétrer pas après pas dans ce Lubéron aux tuiles enchâssées, escalader sur la pointe des pieds les murs de pierres, parler de son ami à l’épaule blanchie, écouter à l’ombre de ses rives, l’histoire du Thor, le ciel et la terre réunis. Il faudrait lire sans se presser d’être, de vouloir ou simplement de penser, laisser trainer les songes bâtirent des temples d’eau et d’herbes, un tronc d’olivier au pied d’une haie, observer la roue d'un vieux moulin se mirer dans les battements du ruisseau. Il faudrait lire, écrire, photographier, se sentir fuyant et non pas possesseur. Etre humble. Humble et sincère, discret et proche de l’amour, loin des impossibles espoirs.


Il faudrait.

Etre là.

Dans le mystère d’un soleil.


Le mystère des mots d’Albert Camus, des photographies d’Henriette Grindat et l’itinéraire de René Char. Le mystère qui appartient aux enfants, aux silencieux, aux arbres et aux vergers, aux vieux troncs et aux branches mortes, aux tuiles où soufflent le mistral et l’usure du temps. Le mystère qui s’ébroue sur la terre, tranquille vivier d’une lumière blanchâtre d’un soleil levant, des feuilles, des paroles qui aiment, séparent aussi, cessent et retrouvent la beauté, la douceur d’un soir Islien, d’un soir de Provence.



Le mystère du goût des hussards juchés sur un toit, d’un taureau à la force tranquille, des cigales qui chantent, de l’écume du soleil dans la Sorgue du désir. Le mystère et sa beauté, un sentier à peine tracé, une bouche ou une main, la poussière voyageuse et le retour aventureux des départs-fuites. Le mystère de la poésie, de l’instant, l’ombre du point virgule, la vague de l’accent. Le mystère et son incroyable douceur, son léger flottement, son silence d’or. Son don de la vie.


« D’autre après nous encore recevront sur cette terre le premier soleil, se battront, apprendront l’amour et la mort, consentiront à l’énigme et reviendront chez eux en inconnus. Le don de la vie est adorable. » - Albert Camus

L’énigme est là.

Dans les mots poésie d’Albert Camus

Dans la photographie d’Henriette Grindat

Dans l’itinéraire de René Char

Dans l’amitié ou l’amour

Dans l’amitié et l’amour.

Dans la postérité du soleil.


« Je voulais qu’Henriette Grindat saisît avec son objectif l’arrière-pays qui est l’image du nôtre, invisible à autrui, et nous donnât ce que je m’efforce dans la poésie d’atteindre […] : le passé voilé et le présent où affleure une turbulence que survole et féconde une flèche hardie. » - René Char

(Et poser sur/à son épaule, chaque phrase et photographie comme on pose une main amie, le jour levant d’une amitié - A celle qui m’a mise ce recueil entre mes mains, un éternel merci, une main sur mon/son épaule).


« Ici vit un homme libre. Personne ne le sert. »


La postérité du soleil

Albert Camus

Henriette Grindat

René Char



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