« on naît eau on meurt terreau entre les deux il y a des maisons des ventres qui font peur et parfois un peu de lumière un jour sur deux je descends dans les boyaux de ma tanière c’est un secret bien gardé même si on a tous n’est-ce-pas au fond de nos entrailles des gouffres sombres et cachés »
Une maison tanière, un lieu comme un refuge. Un de ceux qui font venir, rendre invisible, tomber les armes et les larmes. Un endroit comme une invitation à lâcher, tomber, frôler de près ce qui se tait, se cache, se camouffle mal sous les plaies. Une maison où déposer le corps lourd et ingrat, frôlement de soi, les frôlements d’une main, d’un mal-être, d’un mal d’être. Un corps béquille, cerveau en pause, cœur en laisse. En noter chaque jour les mots et les maux, les joies et les peines, l’âme déformée, les vagues et les marées. Se retirer du monde. Se laisser traverser par ce qui se présente, ce qui vient, ce qui fait, ce qui est.
« il faudrait faire ça oui commencer par quelque chose »
Une maison tanière où faire le tour, le contour, le centre, l’intime, l’ordre et le désordre, où l’absence côtoie le bruit, le vide, l’inexistence, la raison, la folie, la solitude, le trop plein, le peu, le manque, l’ordre, l’abandon, la solitude, l’amour, les souvenirs, la vie, les manques de soi, les manques de l’autre. Une maison gestes, une chambre à soi, une écriture au couteau. Un refuge. Un terrier. Avis aux amateurs de vieilles pierres, ne pas toucher, des larmes suintent des plaies.
Une maison où se coucher à même le sol veut dire accepter, s’absenter, s’autoriser à ne plus se tenir droit, ne plus paraitre, mentir, camoufler, déguiser. Une maison tanière comme un vieux 45 tours retrouvé au hasard des pièces, des placards entrouverts, des murs et des plafonds fissurés. Une musique, un air, des souvenirs se raccrochant encore un peu, nostalgie, mélancolie, se donner le droit à parler ce qui ne tient plus droit. Entendre les paroles, entendre les sons, les maux, écrire un poème, un texte, des mots, le temps de l’écoute, le temps d’un mouvement.
« depuis le silence depuis l’absence il me restait ce pouvoir d’écrire »
Garder des traces de cette absence au monde. Garder encore les caresses échangées, les baisers sucrés-salés, les lèvres sur nos lèvres. Garder traces, souvenirs. Ne pas oublier. Tenir le chaud dans le creux des reins, des riens. Garder les mots, ouvrir le carnet, ouvrir les yeux, penser aux regards, aux mains, panser, cicatriser. Réapprendre à se tenir, à regarder, aimer. Ecrire les jours absents, les jours couchés.
« me souvenir de ces jours-ici de ces jours couchés animale dans ma tanière passés à attendre que la vie passe pour me souvenir que les murs m’ont regardée me remettre sur pieds soulagés »
Et que ne durent que les moments doux.
Ta chronique est magnifique!