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Loulou Robert - Je l'aime


« Voilà comment commence cette histoire. Par de l’amour.»

Lire Loulou Robert n’est jamais chose aussi facile qu’on pourrait le croire. Ses histoires, ses romans ne sont jamais en demi-teinte, mais d’une certitude d’absolue de noir et de blanc, d’une sincérité déconcertante dans la justesse et la fragilité des mots, des émotions. On entre dans son écriture et on s’en hérisse la peau, le derme, l’épiderme, se retourne le cœur, se shoote au décapant. La langue lacère le corps, nous met en lambeaux, touche à toutes nos particules élémentaires de souffre et de vie.


« Les habitudes ont la dent dure. Moi, encore plus. »

« Je l’aime » est le quatrième roman de Loulou Robert. Et il est peut-être un de ses plus aboutis, un de ces romans qui nous envoutent, restent dans les mémoires, nous accompagnent sur nos parcours. On y ressent la vie même, sans filtre, sans Photoshop et autres révélateurs de beautés éphémères. Les mots sont à vif, cru, sans artifice. Elle pose ses phrases courtes : sujet-verbe-complément. Et c’est cela qui fait sa force, sa signature, cette façon moderne de nous adresser des uppercuts, cette émotion à vif, juste, sincère, sans apprêt, tragique mais sublime. L’urgence devient poésie, devient contemporaine, devient colère, vie. L’urgence à vivre, à grandir, à fabriquer une histoire, un amour. Une histoire de femmes, d’une femme. D’une dévotion, d’un amour sacrifice, sacrifiel. Comme le fiel, ce poison noir qui coule dans les veines d’un amour éperdu, d’un amour solitaire, fou.


Il y a dans « Je t’aime » cette force des mots, ce puissant poison qui se révèle donne la forme à ce roman. Le texte prend de l’ampleur, la plume se révèle, devient, entame sa lente montée en puissance, son tragique. On découvre la femme, celle qui devient, celle qui enfante, se meurt d’un amour absolu, de pensées puissantes qui résonnent, détruisent, une femme bovarienne s’éloignant des rivages qui maintiennent dans l’axe d’une raison, de côtes protectrices.


Elle entame un sillon, creuse, égratigne les corps, se noie dans la passion, la vie, sa noirceur, entame jusqu’à l’absolu nos raisons. La solitude devient notre, nos pensées, nos rivages de terreur de vie. Son héroïne aime comme elle aime celui qui lui a donné la vie, lui a appris l’amour, lui a transmis dans ses gênes de femme adulte, un guide de survie en milieu hostile. L’amour déraisonnable, l’amour absolu, l’amour comme bouée d’existence. On nait de travers, on avance de travers, on est de travers. Rien n’est lisse, droit. Tout est courbe, sinuosité, danger, récif, urgence, trouble et troublant.


« Je crie que je l’aime à crever. Je suis le genre de femme qui crève par amour. Qui crève tout court. »

Ce n’est pas chose aisée de pouvoir entrer dans ces domaines, d’en faire une histoire qui de fils en aiguilles nous recoud, nous structure, nous donne cette force motrice qui aide à avancer, à comprendre que derrière les mots posés, Loulou Robert parle surtout de la vie, de cette putain de vie qui n’est pas qu’un long fleuve tranquille, qui nous pousse à nous amarrer à des ports, prendre des fuites, revenir, partir. Une langue, une écriture, une modernité crue, sensuelle, frisant l’absolue, la nudité tragique, colérique, de cette colère qui n’est pas vaine mais émotion pure, vive, nécessaire.


Sans faille, sans se permette de croire en la facilité, Loulou Robert écrit, décrit les solitudes, les coups, les terreurs et les cris, les violences et la folie, l’amour et ses cicatrices.


Force et fragilité.

Une fragilité déconcertante devenant force, émotion, vie.


« Qu’est ce qui se passe quand c’est fini, maman ? Rien mon ange. »


Je l’aime

Loulou Robert

Julliard

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