top of page
  • Photo du rédacteurSabine

Alexandra Koszelyk - A crier dans les ruines (Lettre à...)

Dernière mise à jour : 27 sept. 2019

Alexandra,



Il m’arrive fréquemment de ne pas trouver mes mots pour parler d’un roman, ou du moins ne pas savoir comment commencer, laisser l’émotion trop s’imprégner, ne pas en faire trop, ce fameux trop dont il ne faut pas abuser. Parler comme si cela était encore possible, comme si chaque mot que l’on déposait, était source d’une certitude, d’une croyance, d’une foi, une vérité. Mais à crier sur la toile, à jongler sur les phrases, à dévoiler les mots, on épuise les cris. Il n’y a que le silence qui me parait être le terme le plus délicat car nul ne sait crier dans les ruines aussi bien que toi.


Tu le sais, ton roman m’a touchée. Pas dans le sens de l’histoire, non. Tu m’as touchée parce que tu as été bien plus loin que l’Histoire, la grande, celle qui nous lie toutes les deux, celle qui nous relie alors qu’on nous n’en savions rien il y a encore 3 mois. Une histoire commune comme des ruines semblables, des pierres et des racines, des arbres et des champs de blés à perte de vue, des frontières invisibles, des fuites et des départs, des cris et des sourires, des famines et des possibles, des exils. Tu m’as touchée par tes mots, par tes coquelicots, la forêt interdite qui n’en finit pas de revivre comme revivent les mythes et les croyances, les monstres et les chevaliers. Tu m’as touchée, Alexandra, par la grâce de ton écriture, la délicatesse de tes mots, la lumière avec laquelle tu joues, comme on joue avec ceux qui ne sont plus là mais qui nous éclairent de leur présence douce et bienveillante.


Oui tu m’as touchée.


Tu as su écrire une histoire, une histoire de coquelicots qui ne poussent que dans ce pays aux frontières d’une Europe historique. Tu as su écrire une légende, trouver la clé d’un labyrinthe familial, d’une richesse, la tienne. Tes mots, tes phrases ont résonné en moi comme un doux carillon, une vieille légende racontée le soir pour aider au sommeil des enfants encore naïfs de la grande Histoire.


A crier dans les ruines est un vrai et beau roman, imparfait et brillant, tendre, délicat, mélancolique et vivant. Il livre beaucoup plus que ce qui y est écrit. Il livre la vie, les déracinements, les invisibles , ceux dont on tait, ceux qui se battent pour continuer à vivre, avec leurs cicatrices, leurs espoirs, leurs silences et histoires. Il livre les combats et les victoires, les défaites et le courage, la honte et l’amour. Il écrase les sols irradiés en faisant renaitre la vie, en coloriant d’une lumière rouge, les ciels étoilés. Il distille un parfum que seuls ceux qui ont tout abandonné, peuvent comprendre : l’amour de la vie, la conviction de savoir d’où on vient et qui on est, indestructibles comme les cœurs des cosaques.


Il est beau ton roman, Alexandra. Il est beau parce que tu nous laisses la porte ouverte à la poésie de tes mots, la foi en littérature, en l’écriture et la croyance aux fables, contes et autres mythologies. Je pourrais te dire encore bien des choses mais tu le sais que ce sont dans les silences que les mots s’écrivent, que ce sont dans les ruines qu’on entend crier ceux que l’on aime, avons aimé. Il est beau ton roman. Il est comme un trésor, celui que l’on garde en soi qui porte la rage de vaincre, la délicatesse des larmes, la beauté des visages chiffonnés, la force des mélodies chantées.


Délicatesse et pudeur de savoir écrire dans l’éclat des champs de blé d’Ukraine, des rochers qui surplombent les baies, les océans, irradiant d'une lumière les forêts où la vie renait. Mais de cela je le savais déjà.


A bientôt.

Autour de tes mots.

Autour de ceux/ce qui nous lient.

A bientôt.

A bientôt dans tes mots,

dans ton regard,

à ta place.


Parce que de cela j’en suis certaine : il ne peut qu’en être autrement.


« Ma merveille, n'oublie pas d'où tu viens »

Sabine



Ps : un véritable merci de m’avoir tenu chaud pendant cet été en compagnie de Julie Moulin et son Domovoï. A vous deux, vous n’imaginez pas comme les plaines slaves ont envahi mon cœur et mon âme, m’ont porté à crier dans les ruines.


Ps bis : je m’étais dit … n’en fais pas trop ! J’ai tout loupé je crois.


Nb ter : je n’ai pas parlé de ton roman… franchement à quoi cela sert de tenir un blog si c’est pour parler de soi



A crier dans les ruines d’Alexandra Koszelyk fait partie de la sélection des 68 premières fois, éditions 2019. A retrouver sur le site, toutes les chroniques des éditions passées, en cours ainsi que les diverses opérations menées.




A crier dans les ruines

Alexandra Koszelyk

Aux forges de Vulcain


43 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page